Dans les marchés de N’Djamena, une pratique inquiétante met en péril la santé des consommateurs. Il s’agit de la vente des légumes étalés sur le sol. En effet, exposés à la poussière, aux déchets et à divers contaminants, ces aliments de première nécessité risquent de provoquer des maladies graves. Mais malgré cela, cette méthode de vente persiste, devenant un problème de santé publique largement ignoré.
Le marché de Dembé, l’un des plus grands et plus animés marchés de N’Djamena, est une illustration frappante du manque d’hygiène qui caractérise la vente de légumes dans la capitale tchadienne. En parcourant ses allées, on est immédiatement frappé par l’omniprésence des légumes disposés à même le sol. Des feuilles d’oseilles, des épinards, des tomates, des carottes et autres aliments frais sont étalés sans protection, exposés directement aux innombrables risques environnementaux.
Le sol des marchés de N’Djamena est loin d’être exempt de contaminants. Il est fréquemment souillé par la poussière soulevée par le passage des véhicules, les déchets abandonnés par les vendeurs et les consommateurs, ainsi que les déjections animales. Ces éléments s’accumulent tout au long de la journée, rendant le sol un nid à bactéries. Ainsi, sachant que ces légumes finiront dans les assiettes des ménages, on ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour la santé des consommateurs.
Au marché de mil, Aïcha, une vendeuse, étale chaque jour ses légumes sur un vieux sac de jute posé directement sur le sol. « Je n’ai pas les moyens d’avoir un étalage plus propre, et les clients ne se plaignent pas vraiment », explique-t-elle.
Les consommateurs, quant à eux, sont souvent peu conscients des risques qu’ils encourent. Le nutritionniste Élysée Madjitoïngué souligne que les aliments étalés sur le sol peuvent facilement être contaminés par des agents pathogènes, des bactéries responsables d’intoxications alimentaires pouvant entraîner des complications graves, voire mortelles. « Ces aliments vendus presque au sol peuvent provoquer des bactéries responsables d’intoxications alimentaires ainsi que des maladies telles que la typhoïde, les maux de ventre, le choléra et autres. Les consommateurs doivent prendre conscience de ce danger », explique-t-il.
La responsabilité repose non seulement sur les vendeurs, mais aussi sur les consommateurs et les autorités locales. Il est crucial de renforcer la sensibilisation aux risques sanitaires liés aux légumes disposés par terre tout en cherchant des solutions pratiques pour améliorer les conditions d’hygiène dans les marchés de N’Djamena. Si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement, le prix à payer pourrait bien être la santé de toute une population.
Marie-Claire Tari Koumninga