Alors que la canicule s’intensifie, les lits picots, prisés pour leur confort et leur capacité à rafraîchir les nuits étouffantes, voient leurs prix grimper en flèche. Jadis accessibles à 10 000 francs, ils atteignent désormais 19 000 francs, une hausse qui pèse lourdement sur les ménages aux revenus modestes.
Avec des températures dépassant les 40 °C, la population cherche désespérément des solutions pour mieux supporter la chaleur. Le lit picot, composé d’une toile tendue sur un cadre métallique, offre une meilleure circulation de l’air et constitue une alternative aux matelas en mousse, souvent étouffants.
Dans une cour ombragée par un grand nimier, un vieil homme d’une soixantaine d’années, vêtu d’un débardeur blanc et d’un pantalon noir, se repose paisiblement sur un lit picot. Emporté par la fraîcheur de l’air, il écoute la radio sans prêter attention aux appels et salutations autour de lui. « Je dors paisiblement dans ce lit. J’allume ma radio et j’écoute les informations tranquillement, surtout en période de chaleur. J’ai acheté mon premier lit picot en 1960 à seulement 3 000 francs », témoigne Allah-Ramadj Collin, un habitué de ce mobilier depuis plus de 30 ans.
Derrière le mur du lycée Félix Éboué, des commerçants fabriquent et vendent des lits picots tissés à base de fils. Un client, vêtu d’une chemise rouge et d’un pantalon bleu marine, descend de sa moto et demande le prix d’un lit une place. Lorsqu’on lui annonce 16 000 francs, il est stupéfait et tente de négocier à 12 000 francs, en vain. Déçu, il remonte sur sa moto et repart.
« Lorsqu’il fait chaud, c’est agréable de dormir sur un lit picot à l’extérieur, surtout pour nous qui n’avons pas les moyens d’acheter une climatisation. Mais les prix sont un vrai problème ! » déplore Issakha, un client découragé. Awa, une autre cliente rencontrée sur le lieu de vente, partage la même frustration. « L’année dernière, j’ai acheté un lit à 9 000 francs, mais aujourd’hui, on me demande 16 000 francs pour un lit une place et 32 000 francs pour un modèle deux places ! C’est presque le double du prix précédent », s’indigne-t-elle.
Cette forte demande a entraîné une hausse des prix et un marché en pleine spéculation. Les vendeurs se frottent les mains. « Il y a quelques mois, je vendais un lit à 10 000 francs, aujourd’hui, je le vends à 16 000 francs. Avec la chaleur, les clients affluent et je peux vendre jusqu’à dix lits par jour », se réjouit Moussa, un commerçant satisfait de ses bénéfices.
Face à cette flambée des prix, de nombreuses familles sont contraintes de trouver d’autres solutions, souvent moins confortables. Certains se tournent vers des nattes posées à même le sol, une alternative économique mais peu efficace contre la chaleur accablante. Alors que la canicule s’installe durablement, le lit picot, autrefois accessible à tous, est en passe de devenir un luxe.
Marie-Claire Tari Koumninga