Avec un public majoritairement féminin, trois spécialistes de la santé reproductive ont eu un moment de partages d’informations autour du thème : « Endométriose et les tumeurs bénignes de l’utérus”. C’était le mercredi 25 octobre 2023, dans un hôtel de N’Djamena.
« Moi, je ne sais même pas ce que c’est que l’endométriose, je n’en avais jamais entendu parler”, lance Fatimé, participante à cette table ronde d’échanges. Comme elle, de nombreuses femmes sont dans l’ignorance de cette maladie, qui fait de jour en jour de victimes d’infertilité. Sujet jugé tabou et donc mal connu par la société tchadienne, l’endométriose est une pathologie qui a des conséquences même sur la vie humaine de la femme, situe Ndilbé Soumbatingar Steve, gynécologue.
“Il est difficile de diagnostiquer cette maladie et la prise en charge est également compliquée. À la demande de la patiente, on peut décider de calmer simplement les douleurs ou de soigner l’infertilité derrière la maladie. Il faut savoir que le risque d’infertilité lié à l’endométriose est multiplié par 10”. C’est donc dans l’optique de lever le tabou pour permettre aux femmes de s’exprimer sur les questions liées à leur santé reproductive que l’ONG « Ensemble sawa » initie cette séance d’information.
« Il y a plusieurs problèmes auxquels les femmes sont confrontées, comme les pertes blanches par exemple. Mais comme le tabou a pris le dessus, on n’en parle pas souvent”, déplore Sadjoli Damtheo, Gynécologue Obstétricien. Pour lui, ce sont souvent des charlatans faisant des faux diagnostics qui induisent les femmes, les filles souffrantes des pathologies comme le fibrome et l’endométriose en erreur. « Ce sont des faux diagnostics. Il faut une consultation par un spécialiste pour avoir le traitement qui convient. Même une sage femme suffit pour faire le diagnostic à la demande d’une échographie. On n’a pas forcément besoin des chirurgiens. Les médecins généralistes avec les dispositions chirurgicales peuvent intervenir aujourd’hui », soutient-il.
Des douleurs pendant les règles et pendant les rapports sexuels sont des signes qui doivent interpeller, informe la gynécologue, Fatimé Tombocha Adoum.« Les femmes refusent souvent de s’exprimer même en consultation lorsqu’elles ont ces signes. Et elles ne viennent à l’hôpital que quand elles sont malades ou quand elles sont enceintes », a-t-elle martelé. Elle invite par ailleurs toutes les femmes en âge de procréer à se faire consulter systématiquement au moins une fois par an afin d’éviter les complications liées à la santé sexuelle.