En 2024, le système de santé tchadien reste marqué par d’importants défis structurels et humains. Malgré des efforts, l’accès aux soins demeure limité pour une grande partie de la population.
Alors que le Tchad s’efforce de relever les défis de développement dans divers secteurs, la santé demeure un domaine critique où les besoins dépassent largement les moyens. Entre les maladies endémiques, le manque d’infrastructures et une démographie en pleine croissance, le pays fait face à une véritable urgence sanitaire.
Le Tchad est confronté à une double crise sanitaire en 2024, d’une part, des maladies transmissibles comme le paludisme, le VIH/SIDA, la tuberculose et l’hépatite continuent de faire des ravages, et d’autre part, des maladies chroniques telles que l’hypertension et le diabète gagnent du terrain. Le bulletin trimestriel du Cluster Santé Tchad montre qu’une épidémie d’hépatite E s’est déclenchée dans le district sanitaire d’Adré durant le mois de février 2024. Au 31 mars 2024, 1 466 cas présumés ont été enregistrés, dont 36 cas confirmés, et 4 décès pour un taux de létalité de 0,3%. Parmi les 1 466 cas, 82 (soit 4,9%) proviendraient de la population hôte contre 95,1% des déplacés qui se trouvent dans les 05 camps et sites du district d’Adré dans la province du Ouaddaï. À cela s’ajoute également le taux considérable de malnutrition aiguë des enfants, de choléra et de la mortalité maternelle liée à l’accouchement dans plusieurs zones du Tchad. À travers une note circulaire publiée en juillet 2024, le ministère de la santé publique a alerté le public sur les cas de la maladie de variole du singe. Ils sont signalés dans deux districts du pays notamment N’Djamena sud et Donia avec taux de 10%.
Des cas suspects de diphtérie ont été confirmés le 8 janvier 2024 dans la province du Batha. Une riposte vaccinale a été organisée du 30 janvier au 3 février 2024 et a permis de toucher 5 094 personnes dont 3 244 sédentaires et 5 094 nomades.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a effectué une mission d’évaluation des besoins en services de santé mentale et soutien psychosocial en janvier 2024. Elle a révélé que plus de trois millions de personnes seraient en besoin de services de santé mentale et de soutien psychosocial. La crise soudanaise entraîne des conséquences importantes sur la santé mentale des populations.
Pour relever ces défis, le gouvernement pourrait investir dans la santé communautaire et l’assurance maladie universelle. Il pourrait aussi renforcer les structures de santé locales et recruter davantage de personnels médicaux dans les zones rurales permettrait d’améliorer l’accès aux soins. Des programmes de formation accélérée pour les agents de santé communautaires pourraient également être mis en œuvre pour pallier le manque de médecins qualifiés.
Des campagnes de sensibilisation, comme celles contre le paludisme via la distribution de moustiquaires imprégnées, doivent être renforcées. L’éducation sur les pratiques d’hygiène et la vaccination est essentielle pour réduire la propagation des maladies. Enfin, la collaboration avec des ONG et des institutions internationales pourrait apporter des solutions innovantes. La santé, socle du développement, doit devenir une priorité nationale et un levier de transformation sociale pour le pays.
Marie-Claire Tari Koumninga