Au Tchad, la drépanocytose est une maladie méconnue bien qu’il y ait un centre de traitement dédié. Pour prévenir ce problème de santé lié au sang qui touche 2 % de nouveau-nés et 50 millions de personnes dans le monde, le test de l’électrophorèse reste le moyen efficace et sûr.
Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publiée récemment, 2 % des nouveau-nés naissent avec la forme grave de la drépanocytose au Tchad. Les professionnels de la santé, notamment les pédiatres, définissent la drépanocytose comme une maladie de globule rouge, plus spécifiquement d’hémoglobine, qui est le pigment donnant la couleur rouge au sang et transporte l’oxygène. Selon les statistiques, 64 % des enfants âgés de 0 à 7 ans, 21 % des enfants âgés de 7 à 15 ans et 15 % des adolescents sont touchés par la maladie. La drépanocytose touche chaque année plus de 300.000 enfants en Afrique et 50 millions de personnes dans le monde selon l’OMS.
Quant à la durée de vie des malades, tout est question d’un bon suivi médical. Selon les témoignages de certains patients, on naît, on vit et on meurt avec la maladie. « Je suis drépanocytaire depuis trente cinq ans. Je suis tout le temps souffrant mais je suis toujours en vie et je me fais suivre régulièrement », a confié Achta Doungous. Un autre patient, Moussa Yerima de renchérir qu’il est chanceux et vit avec la drépanocytose. « J’ai 42 ans aujourd’hui. Je vis et j’ai appris à vivre avec la maladie en attendant que son médicament soit disponible. Je viens régulièrement à l’hôpital pour faire le suivi médical. C’est le plus important », a-t-il informé. Ces témoignages mettent fin au débat autour de la durée de vie des personnes drépanocytaires.
De l’avis de la présidente de l’ONG Elan Espoir, une organisation qui œuvre en faveur des malades de drépanocytose depuis plusieurs années, Saboura Dounia, la drépanocytose est une maladie très dangereuse, mais évitable. « Le traitement de la pathologie est symptomatique. Il est à titre préventif. On a des substances qui peuvent améliorer la qualité de vie du malade. Pour l’instant, le seul moyen de guérir la maladie est la greffe des moelles osseuses. C’est une maladie très dangereuse qu’on peut éviter. Le test de l’électrophorèse est conseillé pour la prévention de la maladie », a-t-elle souligné.
D’après Dr Adoum Chene Izerik, médecin-pédiatre-drépanocytologue, cette pathologie est un sérieux problème de santé au Tchad. Il soutient qu’elle est une maladie héréditaire et génétique à transmission vectothermique réceptive. « En d’autres termes, c’est une anomalie de substitution (l’hémoglobine normale A a remplacé l’hémoglobine S). C’est une mutation qui a lieu sur le chromosome, l’acide litanique qui est remplacé par la valine sur le chromosome 11 », précise-t-il. Il ajoute que la maladie se manifeste sous trois formes. Il y a la douleur, l’anémie et les infections. C’est pour cette raison qu’on parle du »trépied » dans le jargon médical. « Il faut savoir que les douleurs sont provoquées par la déformation des globules rouges qui ne peuvent plus passer au niveau des petits vaisseaux. Ces globules rouges bloqués vont se casser et c’est ce qui va causer l’anémie. A ce niveau, la hâte ne peut plus jouer son rôle de défense de l’organisme contre les infections », a-t-il confié.
Il faut souligner qu’au Tchad, la prise en charge de la drépanocytose ressort clairement dans le programme national de santé. En plus de cela, les efforts sont fournis dans les campagnes de dépistages et la sensibilisation des couches sociales sur la nécessité de faire un test d’électrophorèse.
Pour rappel, le Centre national de traitement de la drépanocytose du Tchad dispose de 60 lits d’hospitalisation, 4 salles de consultation, un bloc de laboratoire avec des salles de biochimie, de bactériologie et de prélèvement ainsi qu’une banque de sang. Deux autres salles sont dédiées à l’imagerie médicale et à la formation.