Le 2 avril marque la Journée Internationale de Sensibilisation à l’Autisme, une occasion pour le monde entier de rappeler l’importance de l’inclusion des enfants atteints de ce trouble neurodéveloppemental. Pourtant, au Tchad, cette journée passe quasiment inaperçue. Aucun événement officiel, aucune déclaration forte du gouvernement, aucune initiative de sensibilisation portée par les autorités ou les partenaires internationaux.
Dans ce contexte de silence, une voix s’est élevée : celle de Netoua Ernestine, mère d’un enfant autiste. À travers une lettre ouverte adressée au président de la République ce 2 avril 2025, elle a exprimé, par le biais de sa page Facebook, le désarroi des parents d’enfants autistes et a plaidé pour une meilleure prise en charge de ces enfants, trop souvent rejetés et stigmatisés. Mais au-delà de cet appel, une question demeure : pourquoi le Tchad reste-t-il indifférent à cette cause ?
L’autisme au Tchad, entre ignorance et stigmatisation
Au Tchad, les enfants autistes et leurs familles sont confrontés à une double peine : le manque de structures adaptées et la stigmatisation sociale. Dans un pays où l’autisme est encore largement méconnu, ces enfants sont parfois considérés comme des “sorciers” ou des êtres “maudits”. Cette perception erronée les condamne souvent à l’exclusion, les privant d’accès à l’éducation et aux soins nécessaires à leur développement.
Le principal défi est l’absence de données officielles sur le nombre d’enfants autistes au Tchad. Sans statistiques précises, il est difficile de mesurer l’ampleur du problème et d’adapter les politiques publiques en conséquence. De plus, il n’existe pratiquement aucun centre spécialisé pour le diagnostic et la prise en charge de ces enfants. Les rares familles qui souhaitent offrir un encadrement adapté à leurs enfants doivent se tourner vers l’étranger, une solution inaccessible pour la majorité des parents.
Si la situation des enfants autistes au Tchad est aussi critique, c’est aussi parce qu’il n’existe aucun cadre légal ou politique spécifique pour leur prise en charge. Contrairement à certains pays africains qui ont mis en place des stratégies nationales pour l’autisme, le Tchad reste inactif sur cette question.
À titre d’exemple, le Sénégal a ouvert des centres spécialisés et formé des enseignants à l’accompagnement des enfants autistes. Pendant ce temps, au Tchad, l’autisme demeure un sujet tabou, sans prise en compte dans les politiques publiques de santé et d’éducation.
Ce manque d’engagement des autorités s’explique en partie par une méconnaissance du trouble, mais aussi par des priorités gouvernementales qui ne placent pas l’inclusion des enfants autistes au cœur des préoccupations.
Quelles solutions pour un Tchad inclusif ?
Face à cette situation alarmante, des solutions existent. Dans sa lettre ouverte, Netoua Ernestine propose des actions concrètes que le gouvernement pourrait mettre en place. Il s’agit entre autres, d’intégrer l’autisme dans les politiques nationales de santé et d’éducation, afin que les enfants concernés aient accès à des soins et à une scolarisation adaptée ; former les enseignants et le personnel médical, car un encadrement spécialisé est indispensable pour accompagner ces enfants ; Créer des centres spécialisés, où les enfants autistes pourront bénéficier d’un suivi adapté à leurs besoins ; et enfin Mener des campagnes de sensibilisation, pour déconstruire les préjugés et lutter contre la stigmatisation.
L’engagement pour une meilleure prise en charge des enfants autistes ne doit pas être porté uniquement par des parents comme Netoua Ernestine. Il doit être un combat collectif, impliquant les autorités, les ONG, les médias et la société dans son ensemble.
À quand une véritable politique d’inclusion pour les enfants autistes au Tchad ? Cette question mérite d’être posée, et surtout, d’obtenir une réponse.