La Coalition Citoyenne pour le Sahel, constituée d’une trentaine d’organisations africaines et internationales, dont la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) et OXFAM, appelle les dirigeants africains et européens, qui se réunissent cette semaine en sommet à Bruxelles, à promouvoir un véritable sursaut civil pour s’attaquer aux causes profondes de la crise au Sahel et mieux protéger les populations civiles. Dans une déclaration rendue publique, ce mercredi 16 février 2022, elle relève que l’attention se focalise sur un possible retrait des troupes françaises et européennes du Mali, sur l’arrivée de forces russes, sur les coups d’État militaires et sur les brouilles diplomatiques. Mais, les besoins des populations civiles, qui continuent à être les premières victimes de l’insécurité, semblent relégués au second plan par les gouvernements et les acteurs internationaux.
« Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, près de 2 000 civils ont été tués dans des violences au cours de 12 derniers mois, dont les deux tiers attribués aux groupes dits djihadistes. 2, 5 millions de personnes ont dû fuir leur maison, dont une majorité d’enfants aujourd’hui déscolarisés – deux fois plus qu’il y a un an. 15 millions de Sahéliens dépendent de l’aide humanitaire. L’insécurité alimentaire se répand à une vitesse alarmante et l’accès aux services de base, comme la santé, est toujours aussi défaillant. Malgré l’urgence, seuls 48 % des besoins humanitaires sont actuellement financés », rappelle la Coalition Citoyenne pour le Sahel.
Dans un contexte de polarisation grandissante, elle condamne fermement la multiplication des atteintes à la liberté d’expression et de manifestation, qu’il s’agisse de coupures d’internet mobile au Burkina Faso, ou de menaces contre des journalistes ou des membres de la société civile au Mali au Niger ou au Tchad.
La Coalition Citoyenne pour le Sahel prend également note des déclarations des dirigeants sahéliens en faveur du respect des droits humains et du droit international humanitaire. « Mais nous déplorons la poursuite de l’impunité, qui entretient la défiance des populations et alimente le cycle de la violence. Dans tout le centre du Sahel, il continue à y avoir des allégations d’abus par des éléments des forces de défense et de sécurité, tandis que les procès des principaux auteurs de violations avérées se font toujours attendre », indique-t-elle.
La Coalition Citoyenne pour le Sahel rappelle que les impératifs de transparence et de redevabilité s’imposent également à toutes les forces étrangères présentes au Sahel. « Nous prenons acte de la rare communication de l’état-major français sur la mort de 4 civils lors d’une opération militaire le 8 février au nord du Burkina Faso. Nous regrettons cependant que la France n’ait toujours pas répondu aux demandes de la société civile et du président du Niger d’ouvrir une enquête sur la mort de trois civils en marge d’une manifestation contre un convoi militaire français à Téra, au Niger, en novembre dernier », insiste-t-elle. Pour ces organisations, le sommet Union africaine-Union européenne, des 17 et 18 février 2022, devrait être l’occasion d’un nouveau départ pour le Sahel et ses partenaires. La Coalition Citoyenne pour le Sahel continuera à mesurer l’impact des réponses à la crise et publiera, dans les semaines à venir, une série de mises à jour des indicateurs du rapport.