Provinces : le métier de forgeron, un savoir-faire artisanal précieux

Au Tchad, particulièrement à Moundou, le métier de forgeron revêt une importance capitale. Cette profession ancienne et passionnante qui consiste à travailler le métal, principalement le fer, et d’autres matériaux comme le cuivre, l’acier, le bronze et l’argent, joue un rôle important dans le développement industriel, socioéconomique et financier. 

Le 12 juillet 2024, un tour sur le site de l’atelier artisanal « Almaha  Bouba » au quartier Dokab, crée en 2012 dans le 1ᵉʳ  arrondissement, nous a permis de vivre les réalités dans lesquelles travaillent les employés de cette entreprise locale. En rappel, la forge est une activité traditionnelle transmise de génération en génération. Elle contribue à l’économie locale en fournissant des outils agricoles, des ustensiles de cuisine et autres objets métalliques essentiels pour les activités quotidiennes.

Dans le domaine de l’agriculture, les forgerons fabriquent des houes, pioches, haches, scies et machettes, des outils indispensables pour les travaux agricoles. Il est à noter aussi qu’avoir des forgerons locaux permet aux communautés de ne pas dépendre entièrement des importations pour leurs besoins en outils et équipements métalliques.

Mahamat Ali Djimet,  forgeron de son état, a déclaré que « la forge permet aux artisans d’exprimer leur créativité et leur habileté, un pilier et une activité économique essentielle qui permet aux forgerons de subvenir aux besoins de leurs familles ». Cependant, le constat révèle qu’à Moundou, ces artisans rencontrent plusieurs difficultés liées à l’exercice de leur métier. L’accès aux matériaux est, en effet, un défi majeur à relever, car ils travaillent souvent dans des conditions difficiles, avec des équipements rudimentaires et une exposition à des températures élevées, ce qui peut affecter leur santé. 

Mahamat Ali Djimet précise que l’unité de l’atelier artisanal de Moundou a été créée en 2012 via l’appui technique et financier de l’ONG Initiative Développement (ID) à travers son programme « foyer amélioré ».

Pour le promoteur dudit atelier, Mahamat Bouba, avec la révolution industrielle, la forge est passée à une échelle supérieure, permettant la production massive de produits en métal tout en contribuant à la construction des chemins de fer.  Ainsi, l’État tchadien, en développant des ateliers de forge, « peut facilement créer de nombreux emplois aux jeunes, tant dans la production que dans la maintenance des équipements industriels », a-t-il conclu.

Des recherches indiquent que la transformation du fer était déjà présente dans le nord du Tchad, notamment dans la province de Borkou, depuis l’âge du fer ancien. Bien que respectés pour leur savoir-faire, les forgerons sont parfois marginalisés ou stigmatisés à cause des croyances traditionnelles associées à leur métier.

Miskine Awini

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