Éclats de voix, pleurs, rires, sonneries de téléphone, bruits de pas, etc, le pavillon des urgences est d’une ambiance bruyante dès le matin. Il est difficile de distinguer les heures de visites des heures de soins, du fait de la présence des visiteurs. Une présence qui est sans doute indésirable aussi bien pour les patients que pour le corps soignant.
Avec leurs nattes en plastique ou des tapis comme accessoires et quelques fois assis à même le sol, les visiteurs et garde-malades de l’Hôpital Général de Référence National, n’ont pas besoin d’effort pour faire remarquer leur présence, parfois indésirable. Derrière les différentes salles d’hospitalisation du pavillon des urgences et même dans les couloirs et la cour de l’hôpital, il est difficile de se frayer un passage aux heures de visites ou de repas, les matins, les après-midis et les soirs. À un incessant va-et-vient, entrecoupé de conversations des visiteurs, s’ajoutent des sonneries d’appels téléphoniques, d’entrées et sorties dans les salles d’hospitalisation, occasionnant ainsi des dérangements pour les patients.
« Pourquoi vous faites des bruits ? », lance Abraham, souffrant de la tension et admis aux services d’urgence depuis environ une semaine. Il parle d’un groupe de femmes en visite, bavardant à côté de sa salle d’hospitalisation. Des ustensiles de cuisine sont disposés çà et là malgré le contrôle des gendarmes et Agents de Sécurité. Elles se rapetissent et plient bagages, pour, finalement, faire la sourde oreille. Alors qu’il n’est autorisé qu’un garde-malade par patient, certains se déplacent même en famille.
Comment ces personnes s’arrangent-elles à avoir l’accès ? ce vendredi 15 septembre 2023, sous le regard de plus d’une dizaine de personnes, attendant 17h pour avoir l’accès à l’hôpital, une délégation de huit personnes rentrent facilement par le grand portail du Pavillon des urgences avec la complicité de l’Agent de sécurité en faction ce jour. Avec une modique somme présentée, la voie leur est grandement ouverte. « Il suffit que je lui tende seulement un billet de 500 FCFA, je pourrais sortir et revenir comme je veux en une journée », confie Florence au chevet de son frère malade.
De cette présence nombreuse, les voleurs profitent pour mener leurs opérations. Comme quoi, à quelque chose, malheur est bon. Ces derniers s’infiltrent parmi les visiteurs et parviennent à les soutirer, que ce soit de l’argent, des téléphones, etc. ou à voler des couvertures, thermos, sacs à main appartenant aux garde-malades. Pour tromper leur vigilance, ils se font passer pour les proches des malades. Certains plus malins se déguisent en aide-soignant. « J’ai déposé mon sac sur la fenêtre le temps de m’occuper de mon beau-frère puisqu’il s’agitait, quelqu’un l’a emporté. Je me suis rendu compte de ça bien plus tard », s’exclame Haoua, visiteuse. Juste à côté, une victime se plaint déjà, « le gars a emporté ma couverture sous mes yeux, je n’ai pu rien faire ».