N’Djamena : « Au 7ème arrondissement, nous avons enregistré environ 453 mères célibataires »

Au Tchad, le phénomène de mères célibataires est le sujet qui défraie la chronique. Beaucoup sont abandonnées par leurs conjoints et rejetées par les parents. Ne sachant à quel saint se vouer, elles se retrouvent à faire des travaux ménagers et du commerce pour se prendre en charge. Le N’Djam Post est allé à la rencontre de la présidente de l’Association des jeunes filles pour l’entraide sociale et le développement (AJEFSOD), Dewala Bantar Pauline qui relate les réalités et difficultés que traversent ces mères célibataires.

Le N’Djam Post : que vise votre association et quelle est sa politique en faveur des mères célibataires ?

Dewala Bantar Pauline : Nos grandes actions sont les réinsertions des jeunes filles-mères et les mères célibataires dans la société. L’association est constituée de jeunes femmes qui se sont engagées pour réfléchir à améliorer les conditions socio-économiques des jeunes mères célibataires tchadiennes. Notre politique consiste à contribuer à l’autonomisation des mères célibataires. Etre dans la situation des mères célibataires n’est pas facile car, elles sont abandonnées par leurs maris et leurs familles. Nous avons des mères célibataires qui viennent vers nous soi-disant qu’elles ont été renvoyées de la maison et qu’elles n’ont pas d’autre endroit où se réfugier. Dans notre association, nous avons aussi un groupe constitué des mères célibataires dont parmi elles, certaines sont devenues des responsables et qui s’occupent de leurs enfants.

Quelle est la situation générale des mères célibataires au Tchad ?  Leurs droits et devoirs sont-ils respectés ?

A N’Djaména, les droits des mères célibataires ne sont pas respectés car elles sont abandonnées à leur sort. On a sillonné quelques commissariats de la ville pour constater la situation et les cas des plaintes enregistrées des mères célibataires. Nous avons constaté que les auteurs des cas de grossesse rejettent la responsabilité. Certains affirment qu’ils ne reconnaissent pas avoir enceinté telle ou telle fille, alors ils s’engagent à payer 15 mille f CFA par mois pour la prise en charge de l’enfant. Alors, qu’est-ce qu’une mère peut faire avec un 15 mille par mois ? Tout ça, parce qu’il n’y a pas de suivi et les droits ne sont pas respectés. C’est pourquoi ces mères célibataires souffrent.      

Quelles sont les difficultés rencontrées par votre organisation ?

Nos difficultés sont beaucoup plus d’ordre financier. Nous fonctionnons avec nos propres moyens, des cotisations mensuelles de chacune de nous et nos activités génératrices de revenus. Avec ce fonds, nous venons en aide à d’autres filles qui viennent nous en demander. Nous avons des activités comme les journées de sensibilisations, formations en couture, hôtelleries et autres.

Avez-vous des statistiques exactes des mères célibataires au Tchad ?

La ville de N’Djaména est remplie des mères célibataires. Nous avons fait une sensibilisation, y compris le recensement des mères célibataires du 10 au 20 février 2023, mais la tendance nous fait comprendre que la grande partie des filles à N’Djaména sont des mères célibataires. Prenons juste le 7ème arrondissement, nous avons enregistré environ 453 mères célibataires, mais malgré tout, nous n’avons pas fait dans les quartiers comme Atrone et Gassi. Le 9ème se retrouve avec 340 et le 6ème enregistre 226 mères célibataires.   

Qu’est-ce que les mères célibataires bénéficient de votre association ?

Nous avons au total 45 filles-mères qui sont dans les travaux ménagers, les bureaucrates et autres. Tout ça grâce à notre association. Les mères célibataires bénéficient de notre association des séances de formations et d’autres ont déjà des emplois qui leur permettent de joindre les deux bouts. Mais ces mères célibataires contribuent à travers des cotisations mensuelles.   

Avez-vous un mot particulier à l’endroit de la femme tchadienne ?

Je demande aux mères célibataires d’être optimistes parce que la vie a ses défauts, mais ce n’est pas le fait d’avoir un enfant qui devrait les décourager. Avoir un enfant, c’est le plan de Dieu.

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