Human Rights Watch (HRW) a réclamé samedi une « enquête indépendante » avec une « aide étrangère » sur « le meurtre » du principal opposant tchadien, Yaya Dillo Djérou, dans l’assaut de son QG par l’armée mercredi à deux mois de l’élection présidentielle.
« Sa mort soulève de graves questions sur le climat politique dans le pays à l’approche de l’élection prévue le 6 mai », écrit l’ONG internationale dans un communiqué intitulé : « Un éminent dirigeant de l’opposition tué ». L’opposition dénonce un « assassinat » destiné à l’écarter de la course à la présidence contre le Président de transition, son propre cousin le général Mahamat Idriss Déby Itno.
Le Parti socialiste sans frontières (PSF) de Yaya Dillo accuse même les militaires de l’avoir « exécuté » par balle « à bout portant », alors que le gouvernement affirme qu’il a péri dans l’assaut du siège du PSF parce qu’il « refusait de se rendre » et avait « tiré lui-même sur les forces de l’ordre ». « Les circonstances du meurtre de Yaya Dillo ne sont pas claires, mais sa mort violente illustre les dangers auxquels font face les politiciens de l’opposition au Tchad, en particulier à l’approche d’élections », estime Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à HWR.
« Le manque de clarté entourant l’attaque du siège du PSF, les menaces précédemment proférées à l’encontre de Yaya Dillo et la répression politique générale dans le pays rendent nécessaire l’ouverture d’une enquête indépendante, avec une aide étrangère », poursuit l’ONG qui exhorte l’Union africaine (UA) à « prendre l’initiative » de la réclamer.
Une photo, que l’AFP a pu consulter, circule parmi les proches de Yaya Dillo, mais non authentifiée à ce stade, montrant un gros plan sur la tête de la dépouille d’un homme ressemblant trait pour trait à Yaya Dillo, un petit orifice très net entouré d’un halo noir en plein milieu de la tempe. « HRW a examiné plusieurs photos transmises par une source fiable proche de Dillo, montrant celui-ci mort et portant la trace de l’impact d’une seule balle dans la tête », écrit aussi l’ONG.
« Depuis la mort d’Idriss Déby (…), le gouvernement de transition dirigé par son fils (…) a, à plusieurs reprises, violemment réprimé des manifestations organisées par l’opposition pour réclamer un régime démocratique civil ainsi que des médias indépendants », déplore HRW.