« Il est donc nécessaire de repenser le mode de désignation du président de la Haute Autorité des Média et de l’Audiovisuel (HAMA) en optant pour l’élection de son président par ses pairs ». Le sous-comité thématique « Forme de l’État, Constitution, Réformes institutionnelles et Processus électoral » du Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif (CODNI) maintient l’organe de régulation des médias (actuelle HAMA) comme grande institution, avec la nécessité de repenser le mode de désignation de son président. Il rappelle que le constituant de 1996 a prévu uniquement l’élection comme mode de désignation des présidents des institutions, à l’exception du président de la Cour suprême. Malheureusement, ce verrou a plus ou moins sauté pour laisser place à la nomination du président de la HAMA par le président de la République. « Ce qui constitue une régression pouvant jouer sur l’indépendance de son président dans l’accomplissement de ses missions constitutionnelles », justifie le rapport.
Le dispositif institutionnel tel que prévu par le constituant de 1996 comprend une institution de régulation chargée de garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse, liberté reconnue par la loi fondamentale. De 1994 à nos jours, le Haut Conseil de la Communication (HCC), devenu entretemps la HAMA, s’est frayé un passage et taillé une place sous la houlette de ses présidents successifs. Il a su s’imposer en institution respectée avec la gestion du discours électoral de près d’une dizaine de scrutins nationaux, de nouveaux espaces conquis avec aujourd’hui près de 80 médias audiovisuels, plus d’une vingtaine de journaux et périodiques ainsi qu’une dizaine de médias en ligne. En période électorale, l’action de l’instance de régulation a concerné la défense du pluralisme des opinions, l’équilibre et l’accès équitable des forces sociopolitiques aux médias publics. L’accompagnement des acteurs en termes de formation et de sensibilisation pour plus de professionnalisme ainsi que l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail a été au cœur de l’action de régulation de la HAMA. « Sous l’impulsion de la HAMA, les hommes et femmes des médias disposent d’une carte de presse, de même que la régulation a joué un rôle important dans la protection du citoyen et particulièrement des publics vulnérables (enfants et personnes sensibles) contre les effets de certaines actions des médias, ainsi que le respect et la promotion des valeurs culturelles nationales. C’est dire que la HAMA contribue à la consolidation de la démocratie au Tchad. En effet, la liberté de la presse est un indicateur de la consolidation de la démocratie. Et sans démocratie, il n’y a point de liberté d’opinion ni d’expression plurielle », insiste le comité technique. Le meilleur régime est celui de l’État de droit, qui permet à la presse d’éclore et d’instaurer le dialogue entre les gouvernants et les gouvernés. Enfin, la transformation du HCC en HAMA en 2018, en la faisant passer du statut de grande institution à celle d’Autorité Administrative Indépendante (AAI) a apporté une amélioration dans la régulation des médias au Tchad, par un effort dans la professionnalisation du secteur, relève le rapport.