Le Nanbudo est un sport de combat familier au Taikwondo et au Judo. Il est pratiqué au Tchad depuis quelques années, mais son instauration comme fédération sportive à part entière se heurte aux difficultés notamment de leadership. Le N’Djam Post s’est rapproché du promoteur de cette discipline au Tchad, Mbété Felix qui parle des bienfaits du Nanbudo et la situation actuelle dans laquelle il se trouve. Interview
Dans les arts martiaux on parle aussi de Nanbudo. Comment se présente-t-il et quelle est sa spécificité ?
Le Nanbudo est un art martial japonais, créé en 1978 par Maître Yoshinao Nanbu, déjà fondateur de l’école de karaté Sankukai. C’est un art martial défensif basé sur l’esquive. Il est composé de trois branches : les techniques de combat (Budoho), les techniques de santé (Kidoho) qui servent à améliorer l’état de santé général des pratiquants. Chaque exercice a ses spécificités (respiration, méridiens, souplesse, etc.) et les techniques de développement de soi. Le Nanbudo est japonais et dérivé du Sankokai à partir du Shotokan mais il utilise bien aussi des techniques de Taekondo que celles du Judo : c’est ce qui fait du Nanbudo un art martial très complet pour des esprits sains qui disposent des corps sains.
Comment a été l’avènement de cette discipline au Tchad ?
Le Nanbudo existe au Tchad depuis 1993, dès mon retour du Cameroun des études où j’ai créé un club à Doba puis à partir de 1995 un second club à Moundou et un 3e club à Laï. Arrivé à N’Djaména en 2010, je n’avais pas le temps matériel d’ouvrir un club alors j’ai fait venir un Maitre Ceinture Noire de Doba en la personne de Maitre Service pour ouvrir un 1er Club à N’Djamena en 2017.
Quelle est l’appréhension des athlètes tchadiens vis-à-vis de cette discipline ?
En 2018, nous avons, à la demande des supporters du Nanbudo, tenté de créer une fédération pour espérer avoir le soutien du ministère des sports afin de faire la promotion du Nanbudo qui ne réunissait pas encore tous les critères d’une fédération. Puisque nous évoluons dans les premières années sous le couvert de la Fédération Tchadienne de Karaté et des Disciplines Assimilées. Malheureusement, la création de la fédération a été une grosse erreur managériale car non seulement les membres pour la plupart ne connaissaient rien du Nanbudo, mais certains animés des ambitions cachées voulaient déjà le poste de président de la fédération sans même attendre que la fédération ne soit reconnue par le ministère de tutelle. Comme des rhinocéros dans une jungle la nuit, ils ont tenté d’éteindre la lumière du Nanbudo en intoxiquant certains athlètes.
Quelle est la situation actuelle de cette discipline après ces embûches ?
Au dernier Tournoi Cémac de Yaoundé en 2021 où je suis passé au grade de 4e Dan, mes Maitres et surtout le président Kouassi de la fédération africaine et président de la fédération ivoirienne de Nanbudo m’ont conseillé de redescendre au Dodjo et reprendre les choses en main. Car, selon eux, le Nanbudo Tchad n’a pas encore assez de maturité pour passer la main comme je le pensais. Depuis octobre 2022, je dirige personnellement le club Nanbudo de Walia à l’Hotel 3AS et j’espère avoir assez du tonus pour faire rayonner ce club comme ceux que j’ai eu à diriger avec succès dans les provinces à Doba, Moundou et Lai.
Aujourd’hui le Nanbudo est redevenu une discipline sous la Fédération Tchadienne de Karaté et Disciplines Assimilées et nous entretenons de très bonnes relations avec tous les Maitres dont le président de la Fédération Tchadienne de Karaté, Maitre Tchang Wei Tchang.
Quel message avez-vous aux athlètes ?
Le message à la jeunesse tchadienne, c’est de découvrir cet art martial aussi passionnant qu’est le Nanbudo que je pratique depuis près de 35 ans et qui me donne le tonus et la souplesse d’un félin, malgré mes 57 ans. Grâce à la pratique du Nanbudo, je continue à avoir une mémoire aussi vive et aussi bien dopée que celle d’une jeune de 20 ans car la vivacité intellectuelle fait partie des 7 forces du Nanbudo à découvrir pour ceux qui veulent garder leur esprit sain et pétillant.