Mali : l’armée dit avoir pris Kidal, bastion de la rébellion touareg

Vue générale aérienne de Kidal, le 27 septembre 2020. - Le 14 novembre 2023, l'armée malienne a déclaré avoir pénétré dans la ville de Kidal, au nord du pays, un fief des groupes séparatistes dominés par les Touaregs, ce qui pose un problème de souveraineté majeur pour le pays. (Photo de Souleymane Ag Anara / AFP)

L’armée malienne a pris la ville stratégique de Kidal, bastion des séparatistes touareg et enjeu majeur de souveraineté pour l’Etat central. L’annonce est faite ce mardi par les autorités de la transition.

La prise de Kidal, si elle est confirmée, est un succès symbolique considérable pour l’armée malienne qui a pris le pouvoir en 2020. « Aujourd’hui nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal », a déclaré le colonel Assimi Goïta dans un message lu au cours d’un flash spécial à la télévision d’Etat.

« Les FAMa (forces armées maliennes) ont pris position dans la ville de Kidal », a dit de son côté l’état-major sur les réseaux sociaux. L’armée et l’Etat étaient pour ainsi dire absents depuis des années de cette ville contrôlée par les groupes armés à dominante touareg. Le pouvoir militaire a signifié de longue date sa détermination à reprendre la ville.

L’insoumission de Kidal et de sa région, où l’armée a subi d’humiliantes défaites entre 2012 et 2014, était un motif ancien d’irritation à Bamako, y compris pour le pouvoir actuel qui a fait de la restauration de la souveraineté territoriale son mantra.

L’État malien n’avait quasiment pas de représailles pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes en avaient alors été chassées lors d’une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara. Ce déplacement avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l’armée.

L’armée a appelé la population au calme et à la sérénité », ajoutant que les opérations se poursuivaient. Elle a assuré avoir pris des dispositions pour assurer la sécurité des habitants, à qui elle a demandé de suivre les instructions des militaires.

Deux officiers ont indiqué à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que les rebelles avaient quitté la ville lorsque les soldats y étaient entrés. Un autre officier a indiqué que l’armée contrôlait en particulier la piste aérienne et le camp récemment évacué par la mission de l’ONU. Aucun commentaire n’a été obtenu dans un premier temps de la rébellion.

Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s’était mise en branle en fin de semaine passée en direction de Kidal. Elle a avancé, soutenu par des moyens aériens, au prix de combats dont le bilan humain et matériel n’a pu être établi de sources indépendantes.

Le nord du Mali est le théâtre depuis août d’une escalade entre divers protagonistes (armée régulière, rebelles, jihadistes). Le retrait de la Mission de l’ONU, poussant vers la sortie par le pouvoir militaire, y a déclenché une course pour le contrôle du territoire, les autorités centrales réclamant la restitution des camps, les rebelles s’y opposant et les jihadistes tâchant d’en profiter pour affermir leur emprise.

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