Les Soudanais continuent de maintenir la pression sur les militaires au pouvoir. Après la démission, dimanche soir, du Premier ministre civil Abdallah Hamdok, de nouvelles manifestations sont organisées, ce mardi 4 janvier 2022, dans le pays contre le régime militaire.
Dans la capitale Khartoum, les forces de sécurité déployées en masse bloquent hermétiquement toutes les rues menant au quartier général de l’armée dans le centre de la capitale. La police anti-émeute, les forces paramilitaires et l’armée ont pris d’assaut tout le centre-ville. Les ponts reliant Khartoum à Omdourman (ville jumelle au nord) sont bloqués depuis lundi dernier par des conteneurs. Ce qui rend impossible l’accès au centre-ville pour les manifestants venant de ces quartiers populaires et de classe moyenne. Le blocage de l’internet a rendu difficile toute communication.
La crise politique et institutionnelle dans laquelle est plongée le Soudan s’est accentuée suite à la démission du Premier ministre civil Abdallah Hamdok, le dimanche dernier, après avoir essayé de former un nouveau gouvernement, sans succès.
La plupart des partis politiques et la société civile, qui est dans la rue, ne veulent tout simplement pas de militaires et refusent toute cohabitation. Les analystes redoutent que les militaires, seuls aux manettes, risquent de nommer un Premier ministre acquis à leurs causes. « Ce que la rue n’acceptera pas. On se dirigera vers un durcissement de la contestation et une répression plus violente », indique un spécialiste du Soudan.
Les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et la Norvège exhortent ce mardi 4 janvier les militaires soudanais à ne pas nommer unilatéralement un Premier ministre en remplacement du civil Abdallah Hamdok qui a démissionné dimanche.
Ces pays préviennent dans une déclaration commune qu’ils « ne soutiendront pas un Premier ministre ou un gouvernement nommé sans l’implication d’un grand panel d’acteurs civils ». « Toute action unilatérale pour nommer un nouveau Premier ministre ou gouvernement saperait la crédibilité » des institutions de transition « et risquerait de plonger le pays dans un conflit », ont-ils ajouté, appelant à un « dialogue immédiat mené par les Soudanais et facilité par la communauté internationale ».