Le 2 mars 1941, en plein désert libyen, le colonel Philippe Leclerc de Hauteclocque et ses hommes prononcent le célèbre serment de Koufra, s’engageant à ne déposer les armes que lorsque le drapeau français flottera sur la cathédrale de Strasbourg. Cette promesse, tenue en novembre 1944, est souvent célébrée comme un symbole de la détermination française. Cependant, le rôle crucial des soldats tchadiens dans cette épopée demeure largement méconnu.
Les Tirailleurs Tchadiens : Fer de lance de la colonne Leclerc
Dès son arrivée à Fort-Lamy (aujourd’hui N’Djamena) en décembre 1940, le colonel Leclerc rassemble une force hétéroclite composée majoritairement de tirailleurs tchadiens. Ces soldats, peu équipés, mais animés d’une volonté farouche, entreprennent une traversée éprouvante de plus de 1 500 kilomètres à travers le Sahara pour atteindre l’oasis de Koufra, bastion italien stratégique. Leur connaissance du terrain et leur endurance exceptionnelle sont déterminantes dans la réussite de cette opération audacieuse.
Une victoire symbolique Grâce au courage tchadien
Le siège de Koufra, marqué par des combats acharnés, met en lumière la bravoure des troupes tchadiennes. Malgré des moyens limités, notamment un unique canon de 75 mm, les forces de Leclerc parviennent à faire capituler la garnison italienne le 1ᵉʳ mars 1941. Le lendemain, le serment de Koufra est prononcé, scellant l’engagement des soldats à poursuivre la lutte jusqu’à la libération totale de la France. Cette victoire, première conquête des Forces françaises libres, doit une grande part de son succès au dévouement des combattants tchadiens.
Le 3 mars, de Gaulle adressera même à Leclerc un télégramme de félicitations dans lequel transparaît la fierté du chef de la France Libre pour ce qui constitue la première victoire de la France depuis la capitulation de 1940 : « Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse ».
Pourtant, l’histoire a souvent relégué au second plan la contribution de ces soldats africains. Le phénomène de « blanchiment des troupes coloniales » a notamment évincé les combattants noirs des premières lignes lors de la Libération, les privant de la reconnaissance méritée.
Aujourd’hui, il est essentiel de rendre hommage à ces héros tchadiens dont le sacrifice a été indispensable à la reconquête des libertés françaises. Le serment de Koufra, symbole d’un engagement indéfectible, est aussi le leur.