Le 20 janvier 2025, la start-up chinoise DeepSeek lance son dernier modèle d’IA, DeepSeeek-R1. Ses fonctionnalités, en particulier son coût de fabrication, a provoqué aux États-Unis une chute vertigineuse de la bourse de Wall Street et des inquiétudes à la Silicon Valley.
La nouvelle IA est conçue par Liang Wenfeng, le fondateur de la start-up DeepSeek en 2023, basée à Hangzhou, dans l’Est de la Chine. Représentée par une petite baleine bleue, elle est considérée comme la rivale chinoise de ChatGPT. L’application est devenue en quelques jours la plus téléchargée en Australie, au Canada, au Royaume-Uni, en Chine, à Singapour et aux États-Unis. Son téléchargement a dépassé celui de ChatGPT. DeepSeek est un chatbot qui fonctionne comme ChatGPT, avec la capacité de discuter avec l’internaute et répondre à ses questions. Il n’est pas possible d’utiliser des images, contrairement au modèle d’OpenAI (la société qui a conçu ChatGPT). Si le principe n’est pas nouveau, plusieurs éléments révolutionnent ce nouveau modèle d’IA.
D’abord, l’application est gratuite, alors que les modèles d’IA américains comportent des versions gratuites et des abonnements. Son point fort est l’accessibilité de son code informatique grâce à l’open source. Les données de DeepSeek sont ouvertes aux
internautes, contrairement à ChatGPT. Si la version V3 lancée en décembre permet de discuter avec DeepSeek, la nouvelle version, R1, peut résoudre des problèmes complexes, comme des problèmes mathématiques, des questions scientifiques ou de
codage. R1 est l’équivalent de o1 de OpenAI. Cette nouvelle version permet aussi d’expliquer comment elle fonctionne et comment elle raisonne. En revanche, l’IA DeepSeek ne répond à aucune question concernant l’histoire de la Chine ou le président
chinois. Une certaine inquiétude plane à propos de l’utilisation des données des utilisateurs. C’est la raison pour laquelle les autorités italiennes ont ouvert une enquête, et que l’application n’est plus téléchargeable en Italie.
Des chiffres qui redéfinissent la concurrence américaine
Le dernier point crucial de cette IA, qui agite depuis peu les États-Unis, c’est son coût de fabrication. La conception de l’IA DeepSeek aurait coûté environ 5,5 millions de dollars, contre 100 millions de dollars pour ChatGPT en 2023. Ce qui représente un coût 95 % moins cher. Malgré le peu de ressources, l’explosion des téléchargements démontre le bon fonctionnement du dispositif. Le PDG et cofondateur d’OpenAI, Sam Altman, a jugé le nouveau modèle DeepSeek « impressionnant ».
Le prix de cette conception est très bas contrairement aux millions injectés dans la fabrication des IA américaines. L’IA chinoise nécessite moins de puissance de calcul. Elle a prouvé que la performance ne nécessitait pas forcément des moyens financiers
colossaux, comme ceux annoncés par Donald Trump pour la construction de Stargate, un projet à 500 milliards de dollars qui permettrait d’installer de nombreux centres de données aux États-Unis. C’est pourquoi, de nombreux investisseurs ont retiré leurs
actions de la bourse américaine. En conséquences, plusieurs géants du domaine de la Technologie, comme Microsoft et OpenAI, ont vu leur capitalisation boursière chuter drastiquement, ce qui a provoqué une perte de 1000 milliards de dollars à Wall Street.
Quant à la multinationale Nvidia, le « géant américain des puces informatiques » considéré comme « le symbole de la course à l’IA », et dont les ventes se sont envolées avec le développement de ChatGPT, elle a perdu en quelques heures 17 % de sa valeur
boursière, soit 600 milliards de dollars.
Un succès foudroyant malgré les restrictions d’accès aux puces
S’il y a une réelle volonté de domination américaine dans le domaine de l’IA, le développement de DeepSeek vient de souffler un vent de panique à Washington et dans la Silicon Valley, où se trouve le Pioneer Building, siège social d’OpenAI. L’interdiction du
gouvernement américain concernant la vente des semi-conducteurs et puces pour la conception de l’IA n’a pas réussi à décourager l’entreprise chinoise. Les puces qui ont servi à la fabrication de DeepSeek sont moins performantes que celles de ChatGPT. Il s’agit des puces H800, un ancien modèle vendu par Nvidia. L’exportation de ce modèle à la Chine a finalement été restreinte, voire interdite par le gouvernement américain. Les puces H100, vendues par Nvidia et qui servent à la fabrication de l’IA ChatGPT, sont beaucoup plus performantes et aussi interdites d’exportation vers la Chine.
Mais cela n’a pas empêché le succès foudroyant de DeepSeek. Un succès cependant mouvementé, puisque le 27 janvier, le jour noir pour la bourse de Wall Street, la plateforme DeepSeek a fait l’objet d’une cyberattaque, tandis qu’elle subissait une panne à cause d’un « afflux d’utilisateurs ». L’inscription des nouveaux consommateurs a été limitée le temps de l’enquête. De plus, la start-up a été accusée par OpenAI d’avoir volé son modèle pour en faire un concurrent en Open Source.