La capitale de la province du Sud-Kivu, Bukavu, se prépare vendredi, 7 février 2025, à une attaque du M23 et ses alliés rwandais, illustrant une poursuite du conflit dans l’est de la RDC où les nombreuses allégations d’exactions vont faire l’objet d’une enquête de l’ONU.
Le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame doivent participer samedi dans la capitale économique de la Tanzanie à un sommet régional extraordinaire, réunissant la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
« Nous avons une occasion en or, nous EAC et SADC, pour aider le peuple de la République démocratique du Congo », a dit vendredi dans un communiqué le ministre kényan des Affaires étrangères, Musalia Mudavadi, en marge d’une réunion au niveau ministériel lors du sommet. Selon lui, des initiatives de paix urgentes sont aussi cruciales pour l’ensemble du continent africain. Il a appelé à ce titre à une fusion des processus de paix initiés d’une part par le Kenya et d’autre part par l’Angola.
Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, a connu ces dernières semaines un fulgurant développement qui a culminé avec la récente prise de contrôle de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma, par le M23 et les troupes rwandaises. La province voisine du Sud-Kivu est aujourd’hui dans le viseur du groupe armé antigouvernemental et des soldats rwandais, qui affrontent des forces congolaises réputées mal formées et minées par la corruption.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a donné son feu vert vendredi à l’ouverture d’une enquête sur les exactions commises dans l’est, au cours d’un conflit qui a fait depuis le 26 janvier près de 3.000 morts. « Une mission d’établissement des faits » doit rapidement être montée par le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, et devra présenter un rapport complet dès septembre.
Une « commission d’enquête indépendante », le plus haut niveau d’enquête du Conseil, prendra ensuite le relais. De nombreux viols et cas d’esclavage sexuel ont notamment été rapportés. « Si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l’est, mais aussi au-delà de la RDC », a alerté M. Türk, avertissant que le risque d’escalade dans la région « n’a jamais été aussi élevé ».