Élection présidentielle au Tchad :  le silence des États-Unis et de la France

Ph DR

Dans la soirée du jeudi, 09 mai 2024, le Tchad entame une sortie de la période de Transition qui a débuté en avril 2021 après la mort tragique, au front, du Maréchal Idriss Deby Itno. Mais 72h après l’annonce des résultats provisoires du scrutin présidentiel du 06 mai, Paris et Washington n’ont toujours pas félicité le Président sorti des urnes.

Le Président de la République française, Emmanuel Macron, était présent aux funérailles du feu Idriss Deby Itno et aux côtés de la Transition tchadienne qui se mettait en place en avril 2021, à N’Djamena. Mais celui qui a accompagné le Président du Conseil Militaire de Transition durant ses trois ans n’a pas pipé mot après la proclamation des résultats provisoires du scrutin. Connu pour ses relations avec le Tchad, le message de félicitation du Président français est énormément attendu. Mais près de 4 jours se sont écoulés et Paris garde toujours le silence. Washington aussi.

Or, Marine Le Pen, candidate malheureuse à la dernière présidentielle en France et Présidente du Parti Rassemblement National, a félicité l’heureux élu tchadien. Elle a écrit sur son compte X : « J’adresse mes félicitations à Mahamat Idriss Déby, élu Président du Tchad à l’issue d’un Dialogue National Inclusif réussi. La France sait qu’elle peut compter sur un pays ami qui joue un rôle majeur dans la lutte contre les groupes jihadistes et la stabilisation du Sahel ».

De l’autre côté de l’Union Européenne, Moscou « se félicite de la tenue réussie des élections présidentielles au Tchad qui ont marqué la dernière étape de la transition, et confirme la volonté de renforcer davantage les relations d’amitié et de coopération traditionnelles entre la Fédération de Russie et la République du Tchad ». Washington, gardien de la démocratie, n’a pas félicité l’heureux élu, lui non plus. Et pendant ce temps, l’opposition tchadienne a saisi le Conseil constitutionnel. En effet, le Président du Parti Les Transformateurs, Masra Succès, a déclaré avoir déposé un recours auprès des autorités en charge du scrutin présidentiel du 06 mai 2024.  Dans cette foulée, il a saisi le Conseil constitutionnel afin que ce dernier remette, selon ses propos, au peuple tchadien la vérité des urnes.

Dans un tel contexte, il est légitime que les tchadiens se posent des questions. Depuis l’annonce des résultats provisoires, les langues s’agitent et les oreilles se tendent vers les États-Unis et la France, défenseurs de la démocratie des quatre côtés du monde. 48h après, les tchadiens sont toujours oreilles pointues et attendent une réaction. Et ce, comme les juifs attendent le Messie.

Qu’est-ce qui peut donc bien expliquer ce retard ? La France, marraine du Tchad, est-elle occupée ailleurs  ? Où le torchon brûle-t-il entre le Palais Toumaï et l’Élysée ? Qu’est-ce qui pousse les États-Unis, grande démocratie mondiale, à se taire devant une prise de pouvoir qu’ils ont toujours prôné : les urnes ?

Toujours est-il que des tchadiens, pour la plupart avertis des tensions diplomatiques tues, attendent avec impatience que le N°1 de l’ancienne puissance coloniale félicite le nouvel homme fort du Tchad.

Quitter la version mobile