Les expressions telles que « Courant mafi », « Chalo » ou encore ‘‘coupure générale », sont au quotidien sur les lèvres dans la capitale tchadienne. Ces termes reflètent les déboires à répétition auxquels fait face la Société nationale d’électricité (SNE), que dirige le général de division Ramadan Erdebou Dougourou.
En effet, ces derniers temps, les coupures d’électricité se sont multiplié comme jamais dans les différents secteurs de la ville de N’Djaména. Cette situation plonge les ménages de la capitale dans le noir, pendant des journées entières, si ce n’est des semaines. Ce sont d’ailleurs ces délestages intempestifs qui avaient déjà obligé le président de la transition, Mahamat Idriss Deby Itno, à opérer un changement à la tête de la SNE. Dolmyan Nathaniel, son directeur général avait été limogé sans autre forme de procès pour laisser place à un officier général, connu pour sa rigueur et son intégrité, pour tenter de restaurer l’ordre dans cette société nationale aux milles problèmes.
A la nomination de Ramadan Erdebou Dougourou, par décret N° 0794 du 3 mai 2023, un vent d’espoir a soufflé parmi la population, d’abord étonné par ce choix incongru à la tête de cette entreprise qui cristallise tous les problèmes de gouvernances au Tchad. Finalement, là où les technocrates avaient échoué, c’était peut-être ce général sans peur et sans reproche qui ferait évoluer les choses, se disait-on. Mais que Nenni ! Rattrapé par la réalité du domaine technique, la ville de N’Djaména est plus que jamais (re)plongée dans le noir depuis près d’un mois, sans qu’aucune raison convaincante ne soit avancée par la tutelle. D’après le constat, même les agences de la SNE n’ont pas d’électricité pour fonctionner.
Depuis longtemps, il avait été mis en avant que ce sont les prises en charge des hauts cadres civils et surtout militaires, qui mettaient la SNE en grande difficulté de recouvrement de ressources additionnelles. Même si depuis la nomination du Général Erdebou, il a effectivement mis un terme à ces fameuses prises en charge en date du 9 mai 2023 par une note circulaire, paradoxalement la situation énergétique s’est aggravée.
La SNE se retrouve en plus, au cœur d’accusations tous azimuts d’une mauvaise distribution de l’électricité si ce n’est la faiblesse du voltage. Le résultat est que l’électricité est distribuée par rotation dans les quartiers et localités sans règles claires. Des quartiers et secteurs entiers se retrouvent parfois privés de lumière pendant plus d’une journée tandis que des quartiers dits « aisés » sont alimentés 24 heures sur 24.
Les mots du président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, qui avait déclaré dans son message à la nation du 31 décembre 2022 que, « l’année 2023 sera le début de la solution définitive aux récurrentes crises et insuffisances énergétiques » font les beaux jours des adeptes de la « VAR » sur les réseaux sociaux.
8 mois après, cette promesse présidentielle est renvoyée aux calendes grecques. Les clients de la SNE traversent une crise énergétique sans précédent. D’aucuns migrent vers les énergies renouvelables ou encore du solaire tandis que d’autres attendent un miracle par un coup de bâton magique. La perte en crédibilité et de confiance auprès des milliers d’abonnés qui demeure comme toujours le grand perdant de ces décisions politiques catastrophiques est plus que jamais
Ce nouvel épisode dans l’éternel casse-tête énergétique tchadien, nous rappelle, encore une fois, qu’aucun problème ne peut se régler par des subterfuges et du bricolage. Sans bonne gouvernance et vision à la tête de l’État, sans un plan de développement clair, porté par des hommes compétants et nommés sur la seule base du mérite, N’Djamena continuera à être cette ville plongée dans le noir à l’image sa gouvernance.
En définitif, nous pouvons dire sans risque de nous tromper, que la SNE est à l’image du pays. Une SNE bien gérée ne se fera pas sans un Tchad bien géré.