Éditorial : le « Oui » peut-il l’emporter?

Au Tchad, la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (Conorec), a rendu public son chronogramme définitif pour la tenue du référendum, fixé au 17 décembre 2023. De ce fait, les Tchadiennes et Tchadiens ayant l’âge de voter, seront appelés aux urnes pour dire  »Oui  » ou  »Non » au projet de Constitution. La forme de l’État dans ce projet de Constitution est basée uniquement sur un État unitaire « fortement décentralisé ». Et pourtant, les résolutions du dialogue national inclusif et souverain (DNIS) étaient claires. Il était prévu deux formes de l’État notamment Unitaire et Fédéral.

En dehors de la vulgarisation du projet de Constitution, l’une des premières étapes de ce référendum vise l’enrôlement des électeurs en vue de la révision des listes électorales du fichier biométrique, utilisées lors de la dernière présidentielle d’avril 2021. La zone méridionale du pays a eu pour son compte et un autre arrêté est signé le 17 août 2023, pour le déclenchement du processus de révision du fichier électoral, au 28 août dans les autres provinces du Tchad, la ville de N’Djaména y compris.

Il revient donc désormais aux Tchadiens de décider de l’avenir politique après le référendum constitutionnel du 17 décembre 2023. Déjà, la Conorec accélère le processus en vulgarisant le projet de Constitution, libre aux électeurs d’opérer leur choix. Ces derniers seront donc invités à choisir entre un bulletin blanc pour le « Oui » et rouge pour le  »Non », de ce projet de la nouvelle Constitution, qui prévoit un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable.

Dans les rangs de la classe politique, des groupes armés et de la société civile, c’est la guerre de positionnement ou des appels au boycott. L’opposition radicale dénonce notamment l’absence de fichier électoral à jour et le manque d’indépendance des institutions chargées de garantir la régularité du processus jusqu’à la proclamation des résultats. Du soutien de l’ex parti au pouvoir et ses alliés à ce processus, de l’appel au boycott du scrutin par une minorité des partis politiques et les bruits de bottes à l’Est du pays, la Conorec tient mordicus à la tenue de  »son » référendum constitutionnel.

Sans faire une prédiction sur l’issue du vote, la victoire du  »Non », fait peu de doute et ce qui compte c’est la participation. Si le  »Oui » l’emporte, la Constitution sera adoptée et le processus suivra son cours. Mais si le  »Non » l’emporte, tout serait à refaire. Il faudrait dans ce cas, 6 mois pour réécrire un autre projet de Constitution, prenant en compte la forme de l’État fédéral, proposé lors du DNIS. Celà nécessitera des moyens financiers, humains et matériels. Peu importe ce qui adviendra, libre aux électeurs de choisir la forme de l’État qui leur sied.

Ce nouveau projet de Constitution est une révision de la constitution du 31 mars 1996, adoptée par référendum, révisée par la loi constitutionnelle du 15 juillet 2005 et celle du 3 juillet 2013. Une nouvelle Constitution a été adoptée et promulguée le 4 mai 2018, à l’issue du premier forum tenu en 2018, révisée le 14 décembre 2020, à la faveur d’un second forum. Si le nouveau projet de Constitution est adopté après le référendum, il va abroger dès sa promulgation la charte de transition du 21 avril 2021 révisée ainsi que toutes les dispositions antérieures contraires.

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