Le 21 mars 2024, l’ex Ministre de l’Industrie et du Commerce, Ahmat Abdelkerim Ahmat, a, dans le souci de rendre le prix du sac de ciment à la portée de tous, pris des mesures. L’importation du ciment étranger a donc été interdite afin de promouvoir la production locale. Près de trois mois après, les tchadiens achètent un sac de ciment, vendu entre temps à 8000 francs, à 9500 francs.
Promouvoir la production locale est-il synonyme de faire vivre le martyr à la population ? Les industries nationales, dont Cimaf qui était représentée par son Directeur à la rencontre du 21 mars dernier, n’ont-elles pas été informées de la promotion de leurs produits ? Pourquoi cette hausse si l’objectif était de rendre accessible la production locale ? Est-ce que ce sont les commerçants qui se frottent les mains pour se faire de l’argent sur le dos de leurs concitoyens ? Suivant ces questions, le Ndjam Post s’est entretenu avec ces derniers dans les quincailleries de N’Djamena.
Alors que la population tchadienne avait déjà du mal à se construire une habitation décente, le prix du ciment revient à une cherté absolue. Il faut déposer un billet de près de 10000 francs pour un sac. « J’ai voulu profiter du début de la saison des pluies pour construire ma maison, mais hélas ! Le prix du ciment m’en empêche. Là, le commerçant m’a parlé de 9500 francs pour le sac de 50kg. J’ai crié ‘’ce n’est pas la production tchadienne ?’’ Il m’a répondu qu’il n’y a pas de production étrangère au marché », nous rapporte un citoyen sur l’axe Diguel. Pour lui, il est incompréhensible que ce qui est fabriqué ici soit aussi cher.
Les commerçants indiquent qu’ils ne peuvent pas vendre à un prix qui ne leur apporterait pas de bénéfice. Ainsi, ils prennent pour responsables les industries nationales et les autorités tchadiennes qui ont interdit l’importation du ciment étranger, dont Dangoté. « Nous sommes aussi étonnés que vous. En effet, quand ils avaient interdit que les grossistes importent du Cameroun et du Nigeria, nous avons cru que c’était le début d’une hausse de la production locale. Mais c’est le prix qui veut atteindre 10000 francs CFA », regrette Mahamat Tahir, un commerçant du marché de Diguel.
Cette hausse du prix du ciment local est un coup de plus au citoyen tchadien déjà éprouvé par les prix élevés des produits alimentaires et du carburant. Les conditions de vie se verront davantage détériorées. À cela s’ajoute le retard dans la mise en place d’une architecture moderne car le prix du ciment au Tchad est le plus élevé et le plus exagéré de la sous région.
Aussi, il faut noter que si les rues des grandes villes tchadiennes ne sont pas « couronnées » de gratte-ciels, c’est uniquement à cause des prix exorbitants des matériels. Le Gouvernement de la République du Tchad est vivement interpellé car la part de la population dans le développement d’un pays est nécessaire.