Délivrance du casier judiciaire : un business juteux pour les individus en faction au palais de justice

Le casier judiciaire, considéré comme un relevé des décisions judiciaires et administratives concernant une personne, ne l’est plus de nos jours. Tout individu peut se le procurer au nom d’une autre personne. La délivrance du casier judiciaire ne respecte aucune norme, selon le constat.

Sous un soleil ardent au palais de la justice de N’Djaména, les hommes en treillis sont au rendez-vous devant le portail. Ils assurent non seulement la sécurité, mais pointent aussi leur pitance journalière en marchandant la délivrance des casiers judiciaires aux usagers.

En face de ce palais, des individus qui ne font pas partie du ressort judiciaire, font la chasse aux dossiers pour la délivrance des casiers judiciaires. L’un d’eux s’approche de nous tout en nous considérant comme un des potentiels clients qui vient pour se procurer un casier judiciaire. « Si vous voulez qu’on vous délivre dans 30min payez 3.000 F, dans deux heures c’est 2.00 Ff et si vous voulez payer le 500f comme d’autres, vous allez attendre jusqu’au soir », lance t-il d’un air sérieux.

Leur boulot consiste à remplir directement les fiches des casiers judiciaires avec la mention « Néant» aux demandeurs, sans une possibilité de procédure de vérification des normes, si la personne a commis un crime ou pas. Oumar Seid, un usager qui s’est pointé pour s’offrir ce service indique que cette pratique n’est pas nouvelle. « Ils prennent de l’argent sans se soucier du statut de la justice, et les responsables le savent bien parce que c’est eux qui signent les casiers judiciaires donc ils sont de mèche avec ces personnes», s’indigne t-il.


Pour avoir la version des responsables judiciaires, nos tentatives ont été vaines. Car l’indisponibilité est le maître mot évoqué par ces derniers.

On parle de la digitalisation du système judiciaire afin de faciliter l’identification des décisions judiciaires requises contre une personne sur les bases des données de la justice. Avec cette pratique tant décriée, rien ne peut être crédible dans la procédure de délivrance des documents judiciaires et administratifs. Si rien n’est fait, la digitalisation du système judiciaire sonnera comme un coup d’épée dans l’eau.

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