L’année 2023 tire à sa fin et c’est le lieu de faire le bilan pour affronter les prochains défis. À l’échelle diplomatique, le Tchad a brillé, mais n’a pas été à la hauteur pour arriver au bout de certaines problématiques.
Le 14 octobre 2022, Mahamat Saleh Annadif alors en poste au Mali comme représentant des Nations-Unies, est appelé au Tchad pour occuper le poste de ministre des Affaires Étrangères. Il a bien conscience des défis qui l’attendent, mais ils sont à sa hauteur comme le disent certains analystes. Sa longue expérience corrobore l’idée de ces derniers, mais jusqu’ici, le ver est dans le fruit.
A peine un semestre après la nomination de Mahamat Saleh Annadif, les choses vont se compliquer lorsqu’un conflit externe aura des fortes répercussions au Tchad. Il s’agit des affrontements armés entre l’armée régulière et les Forces de Soutien Rapide (FSR) au Soudan qui a occasionné l’afflux d’à peu près un million de réfugiés et de retournés à l’est du Tchad. Pendant la diplomatie tchadienne a également d’autres chats à fouetter, il faut vite prendre en charge ces personnes (majoritairement des femmes et des enfants). Le Tchad fera de son mieux, mais l’aide humanitaire tarde à venir. Ce qui compliquera davantage la situation. Mahamat Saleh Annadif voit un ballet des diplomates fouler son ministère parmi lesquels, la secrétaire générale adjointe des Nations-Unies. Malgré cela, seul un quart de ce qui est prévu est « arrivé à destination », se désole le ministre qui souligne, par la suite, que l’attention n’a pas été mise sur le Tchad.
Pendant ce temps, le Tchad a œuvré en faveur du statu quo au Soudan. Ainsi, le 7 août 2023, il s’est tenu à N’Djamena un Sommet des ministres des Affaires étrangères des pays limitrophes avec le Soudan.
Pour ajouter une onde positive à la diplomatie tchadienne, le gouvernement a eu un accord signant le retour de Succès Masra au Tchad. Il s’est exilé depuis les événements malheureux du 20 octobre 2022. L’accord de Kinshasa est paraphé le 31 octobre 2023. Il est considéré comme un grand pas vers la réconciliation nationale.
En 2023, la diplomatie tchadienne agrandit ses horizons, notamment par l’ouverture de l’ambassade de la Hongrie au Tchad avec Le Caire en Égypte comme résidence. En plus de l’ambassade, les deux pays ont signé plusieurs accords dans divers domaines : défense, agriculture, recherche scientifique, etc. À cet effet, à partir de janvier 2024, un contingent militaire hongrois sera déployé au Tchad jusqu’à la fin de l’année 2025.
La diplomatie, faut-il le rappeler, n’a guère été un long fleuve tranquille. Celle du Tchad n’échappe pas à cette règle. À ce titre, le 4 novembre 2023, le Tchad rappelle son chargé d’affaires à Tel-Aviv en Israël. Pour les autorités tchadiennes, il s’agit d’une façon de protester contre « les vagues de violences meurtrières » dans la bande de Gaza.
En outre, le torchon a brûlé entre le Tchad et le Soudan. Ce dernier accuse le premier de soutenir les FSR. Le Tchad qualifie cette accusation d’« inacceptable, inamicale et masque un dessein inavoué ». Le Tchad convoque l’ambassadeur du Soudan et déclare quatre diplomates en poste au Tchad de persona non grata. Le Soudan réplique en appliquant la réciprocité.
En dépit de tout cela, si l’année 2023 a été jalonnée des défis et de crises majeures, l’année 2024 ne sera pas du moins. Au-delà de la crise migratoire, la diplomatie tchadienne doit œuvrer pour le retour à l’ordre constitutionnel à travers des élections présidentielles crédibles. Ce qui nécessiterait des moyens colossaux, mais aussi des hommes à la hauteur.