L’année 2022 est marquée par un nouveau record en termes d’emprisonnement des journalistes dans le monde, d’après le recensement carcéral effectué par le Comité de protection des journalistes (CPJ) et publié le 14 décembre.
Au cours de cette année, les autorités des pays concernés « ont davantage criminaliser les reportages indépendants, recourant à une cruauté croissante pour étouffer les voix dissidentes et nuire à la liberté de la presse » selon le CPJ. Le nombre de prisonniers dresse un portrait trompeur de la liberté de la presse en Afrique subsaharienne. L’Érythrée reste le pays où l’on emprisonne le plus de journalistes, se classant au neuvième rang mondial. Les 16 journalistes présents dans ses cellules sont détenus sans procès ni accès à leur famille ou à leurs avocats pendant des périodes allant de 17 à 22 ans.
Dans ce recensement des journalistes emprisonnés, le Cameroun y figure tous les ans depuis 2014. C’est le deuxième pays qui emprisonne le plus de journalistes dans la région, « avec cinq détenus de manière arbitraire dans le cadre d’un système judiciaire opaque qui prévoit le recours à des tribunaux militaires pour poursuivre les journalistes qui sont des civils au regard du droit international » décrie le CPJ.
L’Éthiopie qui occupait l’année dernière le deuxième rang des pays emprisonnant le plus de journalistes dans la région, derrière l’Érythrée, ne comptait qu’un seul journaliste en prison lors du recensement de cette année. Cependant, les autorités ont détenu de manière intermittente plus de 60 journalistes – la plupart pendant de longues périodes sans chefs d’inculpation formels – depuis le début de la guerre civile en Éthiopie en novembre 2020.
Les combats sur le terrain s’accompagnent de mésinformation, de désinformation, et d’une guerre des discours sur les réseaux sociaux. Au moins cinq journalistes sont détenus dans la ville de Mekele, contrôlée par les rebelles du Tigré. Bien qu’ils ne figurent pas dans le recensement du CPJ du fait que les personnes qui les détiennent sont des acteurs non étatiques, ils sont néanmoins révélateurs des conditions dangereuses auxquelles sont confrontés les journalistes qui tentent de couvrir le conflit.
Au Rwanda, trois des quatre journalistes emprisonnés diffusent leur travail sur YouTube – l’une des rares plateformes de diffusion qui restent dans le pays alors que l’espace dédié aux discours dissidents disparait dans les médias traditionnels. Au moins deux de ces Youtubeurs derrière les barreaux, Aimable Karasira et Dieudonne Niyonsenga, auraient été victimes d’actes de torture et de mauvais traitements.
Par ailleurs, les cinq pays ayant emprisonné le plus de journalistes cette année sont respectivement l’Iran, la Chine, le Myanmar, la Turquie et la Biélorussie, selon le CPJ.