En Afrique subsaharienne, le nombre de journalistes emprisonnés au 1ᵉʳ décembre 2023 est passé à 47, contre 31 en 2022 et 30 en 2021. L’Éthiopie et le Cameroun sont classés aux deuxième et troisième rangs de la région. C’est ce que révèle dans un communiqué de presse rendu public le 18 janvier 2024, le Comité pour la Protection des Journalistes.
Selon le communiqué, l’Érythrée, l’Éthiopie et le Cameroun se classent parmi les trois plus grandes prisons de la région. Avec 16 journalistes emprisonnés, l’Érythrée occupe le septième rang mondial des pays qui emprisonnent le plus de journalistes, et au premier rang sur le continent africain. Les journalistes détenus en Érythrée figurent parmi les plus anciens cas connus de journalistes emprisonnés dans le monde mais aucun n’a jamais été inculpé. L’Éthiopie, qui a contraint un journaliste à rentrer d’exil à Djibouti pour qu’il réponde d’accusations de terrorisme, détenait huit journalistes au 1er décembre, alors que la liberté de la presse reste menacée malgré l’accord de paix de 2022, qui a mis fin à deux ans de guerre civile. Les huit journalistes recensés par le CPJ, ont été arrêtés en 2023 après avoir couvert ce conflit.
Les données montrent également une répression des médias au Sénégal, en Zambie, en Angola et à Madagascar. Le Sénégal, qui compte cinq journalistes emprisonnés, n’a figuré que deux fois auparavant (2008 et 2022) dans le recensement, avec, chaque année, un journaliste emprisonné recensé. La République démocratique du Congo, la Zambie, l’Angola, le Burundi et le Nigeria comptaient tous un journaliste répertorié en 2023. Madagascar, qui figure pour la première fois dans le recensement, comptait également un journaliste emprisonné. Les accusations portées contre Stanis Bujakera Tshiamala en RDC qui relèvent à la fois du code pénal, d’un nouveau code numérique et d’une nouvelle loi sur la presse permettant aux autorités de poursuivre et d’emprisonner les journalistes qui diffusent de « fausses nouvelles » et partagent des informations par voie électronique, suscitent des inquiétudes concernant la criminalisation persistante du journalisme.
Toujours selon le communiqué, pour faire face à ces défis, le CPJ apporte aux journalistes un soutien financier visant à couvrir les frais juridiques, ainsi que des ressources destinées à aider les journalistes et les salles de rédaction à mieux se préparer ou à atténuer les menaces de harcèlement et de poursuites judiciaires. L’organisation déploie également des efforts concertés pour plaider en faveur de la libération des journalistes tels que ceux mentionnés précédemment, dont les cas pourraient inverser ou endiguer la vague de criminalisation.
Il faut retenir que le recensement carcéral du CPJ est un aperçu instantané des personnes incarcérées au 1er décembre 2023 à 00h01. Il ne répertorie pas les nombreux journalistes emprisonnés et libérés au cours de l’année.