La journée du lundi 17 janvier 2022 reste l’une de plus sanglantes au Soudan. La brutalité des forces de sécurité soudanaises est beaucoup plus violente que les autres fois à Khartoum et ses banlieues. En tentant de s’approcher du palais présidentiel pour dire « non » aux militaires et demander le retour d’un gouvernement civil, 7 manifestants soudanais sont fauchés par les balles des forces de sécurité. De nombreuses personnes sont également blessés par des grenades lacrymogènes tirées directement sur les manifestants. Dans l’après-midi, les violences continuent toujours aux abords du palais présidentiel, à Khartoum et dans ses banlieues. A Omdourman, la ville jumelle de Khartoum, les manifestants ont brûlé des pneus et dressé des barricades pour couper les routes. Des barricades dans le centre-ville sont également érigées par les manifestants en fin de journée.
« Il y avait un très gros déploiement des forces de sécurité dans le centre… vraiment beaucoup de militaires ! Ils ont fermé les ponts pendant la nuit », informe un des organisateurs de cette marche.
Des témoins affirment avoir vu de nombreux véhicules des milices, des Forces de soutien rapide rejoindre les militaires. « Les militaires ne jetaient pas ces grenades pour disperser mais pour tuer les manifestants… parce qu’ils savent qu’il n’y a plus de télévisions internationales présentes. L’autre jour, ils ont fermé les bureaux d’Al Jazeera. Et je pense qu’ils ont également été plus violents parce que les militaires savent que des discussions sont en cours entre les Forces pour la liberté et le changement et les Comités de résistance qui organisent la mobilisation. Ils ne veulent pas qu’on discute et qu’on s’unisse », insiste un manifestant.
Dans la foulée, la diplomatie américaine annonce dans la soirée l’envoi de deux émissaires à Khartoum pour demander aux forces de sécurité soudanaises de « mettre fin à la violence » contre les manifestants. « Nous sommes préoccupés par les informations faisant état d’une escalade de la violence contre les manifestants au Soudan », reconnait le porte-parole du département d’État Ned Price. Nombre d’observateurs fustigent le silence « presque complice » de l’Union africaine face à la montée en puissance de la répression des manifestations au Soudan.