Affaire Sandana : « Les condamnés sont en fuite, cela pose un problème à l’exécution de la justice »

A la tête de la Province du Moyen Chari depuis quelques mois, le Gouverneur Abderamane Ahmat Borgou a fait de la sécurité de ses concitoyens une tête de pont de son administration. Sans langue de bois, le Gouverneur de la province du Moyen Chari se livre dans cet entretien pour éclaircir certains points relatifs au fonctionnement de sa province, notamment les conflits communautaires, la crise énergétique et l’acquisition de l’espace délimité pour la zone industrielle de Sarh. Interview

Monsieur le Gouverneur, comment se porte la Province du Moyen-Chari 

Dans la Globalité, la Province se porte bien, même s’il y a des difficultés mineures, mais passagers. La difficulté principale est la cherté de vie due aux facteurs externes tels que les inondations. Néanmoins, nous essayons de jongler avec les opérateurs économiques pour le bien de la ménagère. Hormis cela, la province se porte bien, car sur le Plan de la Sécurité, nous avons mis une stratégie de sécurité pouvant inclure tous les détachements pour cerner les foyers de tension.

Ce qui a abouti à une période de calme de plus de neufs mois sans une crise majeure. Un record durant les cinq dernières années. Nous pouvons dire que nous sommes sur le bon chemin et nous allons continuer sur ce chemin de quiétude puisque nous sommes satisfaits du travail mené sur le terrain par les forces de l’ordre et surtout de la bonne collaboration de la population du Moyen Chari.

Bientôt deux ans déjà après les événements douloureux de Sandana. La lenteur judiciaire dans cette affaire est à l’origine des tensions entre la population et les forces de l’ordre. Aujourd’hui, quelle est la situation dans le Moyen Chari ?

L’affaire Sandana 1 et 2 est déjà tranchée par la justice par l’arrêt criminel No 005/2023 rendu par la cour d’appel de Sarh le 04 avril 2023. Il ressort de cet arrêt que les victimes doivent recevoir une somme de plus cinq cents millions (500.000.000) de FCFA représentant le montant des dommages-intérêts pour tout préjudice subi. Cependant, les condamnés sont en fuite et donc cela pose un sérieux problème à l’exécution de cette décision de la justice. Nous sommes en pourparlers avec les parties prenantes et leurs conseils pour trouver une solution à l’amiable.

Par ailleurs, je m’inscris en faux sur toute possible liaison entre cette affaire et une relation tendue de la population avec les forces de défense et de sécurité. La collaboration est très parfaite avec les forces de défense de la Province.

Votre Province est l’épicentre des conflits intercommunautaires, éleveurs-agriculteurs. Quelle stratégie avez-vous mise sur pied pour stopper ce phénomène qui perdure toujours ?

Les agriculteurs et les éleveurs sont des Tchadiens et doivent vivre ensemble. Ces conflits ayant souvent des ramifications éloignées constituent un véritable problème pour notre province. Nous avons dialogué avec toutes les parties et sensibiliser au vivre ensemble. Nous avons fait comprendre aux éleveurs et aux autochtones la nécessité de cheminer ensemble. Pour ce faire, j’ai sillonné les départements pour sensibiliser la population. Aussi, nous accompagnons les jeunes et les associations qui œuvrent dans ce sens en mettant à leurs dispositions des moyens nécessaire pour faire ce travail. L’objectif est de faire comprendre les droits et les devoirs de chaque habitant de la province et de dénoncer fermement les autorités qui ne favorisent pas la cohabitation pacifique. 

Bien plus, nous avons mis en place des comités de prévention et gestion de conflit à différent niveau : provincial, départemental, sous-préfectoral et cantonal pour emmener les groupes cibles à se donner la confiance et renoncer à la violence. Plus clairement, le comité a pour mission de promouvoir le vivre ensemble, à sensibiliser les groupes cibles sur la culture démocratique et la cohabitation pacifique. Dans chaque unité administrative, ce comité opère avec la stratégie déjà définie pour préserver la paix.

La Province fait face à une crise énergétique. Il y a des projets en cours pour pallier ce problème ?

La question de l’énergie nous taraude l’esprit, surtout avec la période de chaleur qui avance à grands pas. Deux projets sont en circuit. Nous avons une promesse du chef de l’Etat pour la construction d’un central électrique de 25 MW qui viendra comme première option de solution.

Ensuite, l’installation de la zone industrielle de Balimba permettra la construction d’un central solaire hybride d’une capacité de 60 MW pour combler le déficit énergétique que rencontre la ville de Sarh.

La question de l’insécurité dans nos frontières, les bruits de botte et le grand banditisme sont récurrentes.

La question de sécurité de la Province est une priorité majeure dans notre Gouvernance. Il est vrai qu’il ne peut y avoir une sécurité à 100% dans une circonscription, mais nous avons fait le maximum avec une sécurité constante. Cela fait 9 mois qu’il ya pas eu une crise majeure qui s’est manifestée. C’est un record pour les cinq dernières années.  Pour y arriver, d’abord, après les conflits de mars à Baltoubaye, nous avons procédé à un désarmement total de la population avec un total de plus de 500 armes de guerres saisies. En suite, dans les départements, nous avons mis à la disposition des responsables de sécurité des carburants pour une intervention immédiate en cas de conflit, c’est ainsi que chaque responsable en fonction de son poids sur la chaine de commandement reçoit de carburants par mois pour son fonctionnement.  Dans la ville de Sarh, nous avons instauré une surveillance nocturne à partir de 22 heures jusqu’à 05h du matin, tous les jours.

Ceci pour éviter des troubles  et les tentatives de troubles à l’ordre public par des personnes mal intentionnées. En brève, nous sommes en état d’alerte maximal pour répondre à toute menace intérieure et extérieure de la Province. C’est ainsi le lieu de remercier les forces et défenses qui fournissent des efforts considérables quotidiennement pour assurer la sécurité de la population.

L’acquisition de l’espace délimité pour la zone industrielle de Sarh, dans le canton Balimba, pose problème. Il y a des lamentations chez les habitants et les élites de cette localité, mais le projet continue. N’est-ce pas un abus de pouvoir ? 

Ce que vous appelez lamentation est en réalité une manipulation d’un groupe jaloux du développement de la province du Moyen Chari. En réalité, l’installation de la zone industrielle, régit par le décret Présidentiel numéro 0791 du 02 Mai 2023, doit normalement générer des emplois, des structures de soins, d’éducation, etc dans le canton Balimba et contribuer significativement à la relance économique de la Province.  Ce qui n’est pas voulu par un groupe de manipulateur qui intoxique une partie de la population du canton Balimba. Etant donné que l’affaire est pendante à la justice, je ne pourrai pas faire de commentaires ni donner plus de détails supplémentaires. Laissons la justice faire son travail et elle va trancher si ces personnes ont raisons.

Je vous remercie !

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