Si les aléas des inondations ont ouvert une liste continue des semaines sombres, les populations restent également consternées par l’attitude des responsables du gouvernement et de la mairie. Elles observent, impuissantes, les autorités jouer le médecin après la mort et attendent l’autopsie.
De l’excuse citant volonté et grâce divines collées à cette suite malheureuse d’inondations, à la suite de reproches d’incivisme collée sur le dos du citoyen, les langues s’agitent en coulisse et dénoncent une incapacité, un manque de volonté de travail et le plaisir de voir la population tchadienne souffrir de la part des dirigeants. Les paisibles populations semblent ne plus savoir à quel saint se vouer et vers quel point et avec quelle force drainer des eaux aussi puissantes.
Le citoyen tchadien fustige et pointe du doigt la mal gouvernance. Sinon, se demande-t-il, comment comprendre que la mairie attende juillet et août pour curer les caniveaux de la ville ? Quelle est cette politique du gouvernement qui négocie des projets de construction de routes avec des canaux de drainage des eaux d’une profondeur d’un mètre, voire moins ? Et puis, quel est le travail des agents municipaux ? C’est quoi le rôle du ministère de l’Aménagement du territoire ? Que fait-il ?
Des interrogations, on ne peut plus légitimes, profondes et citoyennes. Aussi, les habitants des villes inondées, détruisent les discours des autorités et ils les trouvent, parfois, forts mensongers. Les quartiers inondés reprochent au gouvernement d’avoir laissé l’implantation d’une canalisation symbolique de moins d’un mètre et à la mairie de jouer chaque année au médecin après la mort dans le curage de ces petits caniveaux.
Les citoyens indiquent que c’est à cause de la construction des routes sans une bonne canalisation et non pas de grâce de Dieu et d’incivisme des populations. Ce sont des excuses, ajoutent-ils, pour masquer les failles. « Si ce n’est pas la faute de la mauvaise foi de construction d’une digne canalisation, pourquoi nous n’avons pas vu l’avenue Mobutu, actuellement Boulevard Idriss Deby Itno, inondée ? Juste parce qu’elle est dotée des canaux de près de deux mètres de profondeur. À Amriguébé, un canal qui n’atteint pas un mètre va drainer les eaux ? », fustige un citoyen dans les environs du quartier Amriguébé.
À Diguel Est, les eaux risquent de détruire les infrastructures routières achevées en 2020. Les parages du stade ressemblent à une rivière. Les habitants, hallucinés, ne trouvent pas de réponse. « Ça ne fait même pas cinq ans que ces routes ont été inaugurées. Mais vu cette étendue d’eau, on croirait à des routes qui sont construites sans une construction de canalisation. Et la mairie parle d’incivisme, des eaux de grâce et le premier ministre descend voir les dégâts, le Président survole la ville… parfois, je me demande s’ils ne se moquent pas de nous », regrette Abakar un habitant de Diguel.