A quelques jours de la fin du ramadan, la viande, l’un des aliments essentiels entrant dans la préparation de la soupe, semble être hors de portée de beaucoup de ménages. Son prix connait une augmentation inhabituelle depuis le début du mois saint de ramadan. Et personne n’est en mesure de cerner le nœud de cette augmentation. Sur les étals des différents marchés de la capitale, les morceaux de viande continuent d’engloutir une grande partie du budget des ménages. Certains ménages préfèrent s’en tenir au stricte nécessaire. » L’année dernière, la viande de 2 000 Fcfa suffit à préparer la soupe pour la famille. Mais cette année, il me faut débourser 3 500 ou 4 000 Fcfa pour avoir une quantité suffisante de viandes », indique une ménagère mère de famille. Une autre femme au foyer renseigne que la viande est non seulement devenue chère mais introuvable à certaines heures de la journée. » Il faut être au marché dès 7 heures du matin pour avoir de la viande de bonne qualité. Si tu viens vers les 10 heures passées, tu n’auras pas la vraie viande. En plus de cela, les bouchers ont augmenté le prix du jour au lendemain sans explication. Tout le monde veut se faire beaucoup d’argents avec le ramadan », s’apitoie-t-elle. Un peu plus loin, un jeune fonctionnaire affirme même que le prix de la queue de bœuf, très prisée dans la soupe, a presque doublé. » Avant le ramadan, je venais l’acheter à 2 500 Fcfa. Curieusement, le prix a atteint au début les 5 000 Fcfa avant de redescendre à 4 000 Fcfa. C’est incompréhensible », se lamente-t-il.
Du côté des bouchers, l’on préfère tout mettre sur les abattoirs et les fournisseurs de viandes. » On nous vend les carcasses à fort prix. Nous ne pouvons pas vendre à perte », indique Elhadj Ali, un boucher du marché Alafia. Son voisin relève que les abattoirs et les aires d’abattage n’abattent pas suffisamment comme l’année dernière. » On nous livre une quantité insuffisante à des prix excessifs. Ils ont augmenté les prix de leur côté. On fait tout pour être dans notre marge « , souligne-t-il.
Déjà, certains chefs de ménages demandent à l’Etat d’intervenir pour atténuer la hausse inexplicable du prix de la viande sur le marché. « Il est incompréhensible que notre pays ne puisse pas produire suffisamment de la viande à des prix abordables à ses habitants. Chacun fait à sa tête et l’Etat laisse faire. Il faut que le désordre s’arrête dans ce secteur », appelle Hassan Moussa, un militant d’une association des droits de l’Homme.
D’après le dernier Recensement Général de l’Elevage effectué entre 2012 et 2015 et rendu public en mai 2018, le Tchad compte 93, 8 millions de bétail et 34, 6 millions de têtes volaille. Le cheptel est constitué essentiellement de ruminants comme les caprins (32, 5 %), les ovins (28, 2 %), les bovins (26, 5 %) et les camelins (6, 8 %). Avec ce nombre le Tchad occupe la 3ème place en Afrique en matière d’élevage.