Déjà presque trois (3) ans que la très inattendue et salvatrice Transition est à la tête du Tchad, l’épargnant du chaos institutionnel et ses conséquences toujours désastreuses. La tumultueuse histoire politique du pays des années soixante-dix (70) et quatre-vingts (80) en est un bel exemple.
Le Tchad est un jeune État qui a à peine soixante-cinq ans, mais beaucoup attendent de lui qu’il soit aux diapasons de ceux qui sont séculaires, voire millénaires. Nous ne pouvons pas faire énormément avancer (et non développer, il faut le préciser) un nouvel État en si peu de temps et sans les prérequis indissociables : humains, financiers et matériels. Toutefois, ceci ne justifie aucunement le retard de cet État, mais faire le récit de son histoire socio-politique peut nous faciliter sa compréhension. C’est-à-dire procéder à l’orthophonie de ses maux.
Au sortir de la colonisation, le Tchad était le pays de l’Afrique francophone qui avait le moins de Collèges et Lycées. Or, l’éducation est le socle de tout développement. De plus, contrairement aux autres États nouvellement indépendants où à leurs têtes étaient placés des agrégés ou des détenteurs des diplômes de Maîtrise, le nôtre était présidé par un instituteur qui, loin de vouloir le faire avancer, cherchait à le transformer à l’image des particularités liées à sa propre culture malgré les remontrances répétitives faites par ses proches. Voilà pourquoi le début fut bancal.
Aussi, faut-il le rappeler, son mépris face aux premières révoltes paysannes en pays Moubi et ses environs, les qualifiant de « bandits de grand chemin », et son refus de leur tendre la main ont largement contribué à l’éclosion de la violence armée au Tchad. Ainsi, nous entrâmes dans la guerre. L’État fut déchiré et vit son autorité sur l’ensemble du territoire être bafouée. Il sortit exsangue. Après avoir retrouvé l’intégralité géographique de son territoire et son autorité sur ce dernier, y compris l’exploitation de son pétrole (1987 à 2023), le Tchad peine à avancer, faute de moyens essentiellement financiers et matériels. Ses ressources couvraient à peine la masse salariale.
Avec l’exploitation du pétrole, les rébellions ont commencé. Encore des affres et des dépenses faramineuses de la guerre. Il fallait que l’État se défendît. Et cela avait un prix. Si l’exploitation du pétrole n’a pas coïncidé comme par enchantement avec les créations des rébellions, tout cet argent ayant servi à l’achat des armes allait se rajouter aux milliards dépensés dans les infrastructures et l’éducation. C’est d’ailleurs dans cette même logique de rébellion que le Maréchal a tragiquement perdu la vie, arme à la main.
L’État était au bord du gouffre. Mais avec l’avènement de la Transition, le pays a poursuivi son chemin, au grand dam des instigateurs du chaos et de l’anarchie. Comme à l’accoutumée, le début de la Transition fut difficile par le fait de sa spontanéité. Les charrues étaient mises avant les bœufs, dirions-nous. Entre-temps, l’eau a coulé sous les ponts de la Transition et nous voilà devant la présidentielle. Autrement dit, le retour à l’ordre constitutionnel d’antan.
Également, il convient de rappeler que la Transition est cet isthme entre deux (2) légalités constitutionnelles. Elle est par définition l’action de passer d’un état à un autre. Son principal objectif est de ramener le navire Tchad à bon port par l’élection d’un nouveau président au suffrage universel direct. Chose qui est presque faite (le 06 mai prochain). De cette manière, nous pouvons dire sans réserve que la Transition a presque rempli sa tâche nonobstant les difficultés (la cherté de vie, le chômage, etc.) que rencontre la population Tchadienne.
Désireux de l’essor du Tchad et constatant les réelles avancées apportées par la Transition dans la stabilisation du pays et la concorde entre les Tchadiens, il nous a semblé nécessaire de continuer à faire confiance à elle et par ricochet, à son acteur principal qui est le président de Transition Mahamat Idriss Déby Itno. Cerise sur le gâteau, il a même réussi à transformer Les Transformateurs. Il faut rendre à César ce qui lui revient.
Pour finir, nous ne pouvons conclure sans emprunter les mots d’Oscar Wilde en disant que par la candidature et la probable victoire du PT, nous avons des rêves (l’essor socio-politique du Tchad) suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue. Toutefois, ce soutien affiché ne veut nullement dire donner quitus à toute mauvaise politique ou vision dans la gestion de la chose publique. Notre plume sera toujours tranchante si les intérêts des populations sont menacés. C’est notre leitmotiv.
Nous sommes optimistes.
Mahamat Sougui Bie