Le Sénégal se dirige vers un partage des tâches au sommet de l’État avec la nomination au poste de Premier ministre d’Ousmane Sonko, qui a juré sa « loyauté » au nouveau président Bassirou Diomaye Faye après avoir rendu possible son avènement.
Investi mardi 02 avril 2024 cinquième et plus jeune président du Sénégal, Diomaye Faye a logiquement choisi pour chef de gouvernement son mentor Ousmane Sonko, dans l’ombre duquel il a préparé pendant des années le camp antisystème à la prise du pouvoir et qu’il a suppléé à la présidentielle quand celui qui était le candidat incontournable de leur parti a été disqualifié.
Ousmane Sonko, ovationné par les sympathisants et placé aux premiers rangs lors de l’investiture, a endossé dans la soirée le costume de Premier ministre et dit dans une brève déclaration en français et en wolof qu’il soumettrait « dans les prochaines heures » une proposition de gouvernement à M. Faye. La place dévolue auprès de M. Faye à M. Sonko, qui a incarné pendant des années le projet de rupture avec le système au pouvoir avant de devoir laisser sa place à la présidentielle, faisait l’objet de conjectures depuis la victoire retentissante de son second à la tête de leur parti dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars. Les deux hommes étaient encore en prison dix jours plus tôt.
Ousmane Sonko, en première ligne d’un combat de trois ans contre le pouvoir avec Diomaye Faye comme stratège et organisateur, s’est mis pendant leurs quelques jours de campagne commune au service de ce qu’ils appellent le « projet », prévalant selon eux sur les personnes. Il a souligné mardi que ce programme « pour un Sénégal souverain, juste et prospère », visant à accomplir « la rupture, le progrès et le changement définitif », Diomaye Faye et lui l’avaient « élaboré en commun » et l’avaient « défendu ensemble ». Sonko a défini les contours de sa propre action : son poste est « l’autorité publique qui est en charge de la coordination et la conduite de la politique de la nation conformément à la Constitution ».
M. Faye a énoncé comme priorités la lutte contre la cherté de la vie et contre la corruption ainsi que la réconciliation nationale après une longue période d’agitation, avec à la clé des dizaines de morts et des centaines d’arrestations. Il entend aussi s’attaquer à l’hypertrophie des pouvoirs impartis selon lui à la présidence.