La situation des réfugiés soudanais à l’Est du Tchad est alarmante. Une équipe du N’Djampost est allée à la frontière du Soudan à Adré, pour être au cœur de cette grave crise humanitaire causée par le déclenchement de la guerre au Soudan. Malgré l’investissement du gouvernement, de ses partenaires et des ONG, l’aide humanitaire semble se dissoudre dans l’air aussitôt parvenue, face à près de 400.000 réfugiés. Les urgences se chevauchent et les priorités sont nombreuses, sous le regard avide et errant de ces réfugiés traumatisés par la violence et les scènes d’horreur.
À El Geneina, une ville soudanaise frontalière du Tchad, le crépitement des balles se font encore ressentir. Ce 10 juillet 2023, quelques personnes innocentes et sans défense, se font poursuivre par un groupe d’individus armés, qui tentent de forcer la frontière. N’ayant plus d’issue, elles trouvent refuge au Tchad, sous le regard impuissant de leurs compatriotes, déjà sur place. À pied ou entassés dans des camions, des milliers de Soudanais affluent chaque jour vers le territoire tchadien, avec pour seul biens quelques balluchons. Les visages meurtris par les atrocités et l’épuisement, ces réfugiés ont fui les conflits au Soudan pour trouver soulagement ou consolation au Tchad, précisément à Adré et ses environs.
Ces Soudanais ont tout perdu au cours de leur fuite. Abdou fait partie de ceux qui ont tout laissé derrière eux. « Si tu sors dans la rue, ils (les combattants, Ndlr) te tabassent et prennent tous tes biens. C’est inhumain et irréligieux ce qu’ils font. Ils n’épargnent personne, ils tuent les enfants, même ceux qui sont sur les dos de leurs mères. Dieu merci, on a réussi à franchir la frontière pour rentrer au Tchad », raconte-t-il d’un air décompressé.
Arrivés au Tchad, bien que désormais en sécurité, ils dorment sous des tentes de fortune à la merci des intempéries et des reptiles. Beaucoup de ces réfugiés sont des femmes et des enfants. Ils sont confrontés à un problème crucial à savoir le manque d’eau potable. Aussi, avec cet afflux important de personnes à Adré, les hôpitaux sont surpeuplés. L’association Beri Bour a improvisé un centre de santé au sein du site des réfugiés pour apporter secours aux plus vulnérables. Mais pour Habib, responsable dudit, les difficultés ne manquent pas. « Ce que nous disposons est insuffisant, il y a beaucoup de personnes malades. Il y a des malades qui sont sous le soleil, ils ont besoin des tentes. Il y a des moustiques, mais pas de moustiquaires. Nous demandons aux personnes de bonne volonté de leur apporter des moustiquaires et bâches. C’est vrai que la population a fait de son mieux, mais le nombre est considérable », lance-t-il.
Khadjidja, réfugiée, est venue avec son nourrisson dans ce centre de santé de fortune pour se faire soigner. « On est venu il y a de cela huit jours. Je dois lui donner ses médicaments, mais je n’ai pas de lait maternel et c’est pour ça qu’on est ici. L’enfant pleure trop la nuit », explique-t-elle.
Malgré ces difficultés auxquelles sont confrontés les réfugiés et retournés, les épidémies comme le paludisme, le choléra et bien d’autres maladies hydriques planent comme une épée de Damoclès. Avec la saison des pluies, ceux-ci sont d’autant plus exposés. Le gouvernement ne peut régler la situation. Il a d’ailleurs lancé un appel aux ONG et institutions de bonne volonté et partenaires du Tchad à venir à son secours.