Les sociétés de téléphonie mobile Airtel Tchad et Moov Africa Tchad informent les utilisateurs tchadiens, les vendeurs et grossistes que le transfert d’argent via « côté stock » est désormais remplacé par Airtel et Moov Money. Des communiqués officiels sont publiés le 25 septembre 2024, trois jours après le blocage. Mais, a-t-on demandé l’avis des consommateurs ?
Sur les 18 dernières années, le transfert du retrait cash a été l’apanage du transfert AVD. Le transfert AVD, appelé par les tchadiens « côté stock », a servi à la mobilité de l’argent quoique, dans certaines zones, le coût est élevé.
« Conformément à la Loi des Finances 2024, Airtel Tchad informe son aimable clientèle que les transferts de crédit EVD, connus sous l’appellation « côté stock », sont désormais interdits. Ainsi, nous invitons tous les revendeurs à ouvrir un compte Agent Airtel Money afin de continuer leurs transactions en toute sérénité », lit-on sur le communiqué de Airtel Tchad. C’est exactement le même contenu du côté de la Société Moov Africa Tchad. Et ce, alors que l’article 42 de la loi de finances a indiqué qu’un « délai transitoire de deux (2) mois est accordé aux sociétés de téléphonie mobile pour se conformer ». A-t-on respecté le délai ? Pas du tout et c’est ce qui fait réagir la clientèle.
Sous la publication de la page officielle des sociétés de téléphonie mobile sur Facebook, les tchadiens ne cachent pas leur frustration. Ils se disent même inconsidérés par celles-ci. La question qui revient souvent est celle de l’avis de la clientèle ou d’un préavis. Hélas, le choc supprime le célèbre dicton du « Le client est le roi »
« Avez-vous donné un préavis aux utilisateurs de cette décision ou vous vous êtes levé un bon matin pour leur imposer cette décision ? Ceux qui sont dans les zones reculées vont faire comment ? Pendant que même à N’Djamena en pleine ville, on te vend Airtel money de 7 000 à 7 500 FCFA. Cette dictature est à revoir », lâche un internaute. « C’est uniquement au Tchad que les sociétés font ce qu’elles veulent sans préavis, sans faire de publicités, sans consulter leur clientèle. Elles se lèvent un petit matin et elles prennent des décisions. C’est à l’image de notre pays, mais Dieu est grand », s’indigne un autre.
La décision en elle-même est tendancieuse, unilatérale et dictatoriale, laissent entendre certains citoyens. Pour ceux-là, une décision qui vient sans préavis est un manque de respect et reste suspecte. « En principe, le communiqué doit précéder la décision. Mais vous avez pris cette décision il y a de cela trois jours et c’est maintenant que vous nous sortez le communiqué. C’est paradoxal, non ! », s’insurge un vendeur de crédit. Il ajoute que c’est une décision irréfléchie et qu’elle est comme la dictature instaurée au Tchad, selon ses mots.
Un autre marchand de crédit sur l’avenue Charles De Gaulle laisse entendre, « et moi qui ai mon argent en stock, que faire pour le vider ? En vérité, vous allez avoir beaucoup de plaintes devant le tribunal en charge. Si jamais vous ne laissez pas une longue prolongation », menace-t-il. Pour lui, il n’est pas normal que cette décision ne soit pas communiquée un mois avant. « Étudier un peu le cas des villages reculés avant d’appliquer », appelle-t-il.