Le mercredi, 05 juin a marqué la visite du ministre russe des affaires étrangères au Tchad. Cette rencontre renforce le partenariat qui est une coopération bilatérale et diplomatique entre les deux pays qui avaient déjà des liens étatiques. Mais pourquoi cela suscite tant de questions sur les relations qu’entretient le Tchad avec l’ancien colonisateur et actuel partenaire phare du pays, la France ? Pourquoi les anciennes colonies françaises doivent-elles pousser les gens à se poser des questions sur ce lien avec l’ancien maître à chaque fois que la Russie arrive à renforcer le partenariat avec celles-ci ?
Les Tchadiens avaient longtemps suivi les partenariats que la Russie a développés dans la sous région, surtout en Afrique francophone où l’ancien colonisateur est présent et puissant sur tous les plans. Le cas de la RCA, du Mali, du Burkina Faso ou récemment du voisin le Niger, illustre bien cette question soulevée lors de la visite du Ministre russe des Affaires Etrangères, Sergueï Lavrov : « Renforcer les relations entre le Tchad et la Russie ne mettra t-il pas en mal la relation entre le Tchad et la France ? ». Une question qui n’est pas anodine et le chef de la Diplomatie russe va montrer combien la Russie est un pays ami après la déclaration de totale souveraineté du Tchad faite par son homologue du Tchad, Abderaman Koulamallah.
Le Ministre des Affaires Étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah, Porte-parole du Gouvernement, a souligné que le Tchad n’est otage de personne, ni de la France, ni de la Russie. «Nous sommes souverains», a-t-il confié à la presse. Cette question n’a pas laissé indifférent le chef de la Diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui déclare ceci : « Nous ne choisissons pas nos amis et nos ennemis, c’est la France qui demande aux autres de choisir leurs amis et leurs ennemis ».
Allant dans le sens des réponses apportées par la Diplomatie tchadienne, le constitutionnaliste, juriste, politologue et ancien Ministre tchadien de la Justice, Ahmat Mahamat Hassan, estime que c’est une déclaration humiliante et que les autorités tchadiennes n’ont pas besoin de crier pour brandir leur souveraineté. « C’est humiliant pour le Tchad. On n’a pas besoin de crier sur tous les toits que nous sommes souverains. C’est une expression de peur. Car la souveraineté s’affirme par la pondération et la puissance », a-t-il déclaré.
Aussi, l’influence de la Russie sur le continent africain pose beaucoup de questions. Les Occidentaux, alliés traditionnels, estiment que c’est mauvais pour l’Afrique. Mais la nécessité d’étendre les relations ne laisse pas le choix aux dirigeants africains. Il faut également ajouter que, quoique diabolisée, la Russie s’impose en Afrique comme la Chine l’a fait. Ainsi, la démocratie n’est qu’un prétexte car beaucoup d’analystes montrent qu’il s’agit de leadership. Et voici que certains pays ont forcé la main à la France de faire plier bagages à ses bases. Le cas du Niger est le plus récent et le plus houleux.