À N’Djamena, la cité capitale, les querelles qui entraînent des bagarres à longueur de journée ne cessent d’être notées. La raison est toute simple : l’impraticabilité des routes qui est la conséquence de la pluie, un phénomène naturel.
Les pluies diluviennes ont non seulement ravagé les maisons et les rues, elles ont aussi et surtout chassé le vivre ensemble de la population tchadienne. Reconnu comme le berceau de l’humanité, le Tchad est un pays où il fait bon vivre en raison de son hospitalité. Mais ces derniers temps, les quartiers environnants de la ville de N’Djamena nous poussent à tout remettre en question. On assiste tous les jours à des querelles, voire des bagarres, à cause des barrages, des petites passerelles devant les portes.
Cette année, il y a eu beaucoup de maisons écroulées avec ou sans les habitants, causant d’énormes pertes humaines et matérielles ; la quasi-totalité des routes sont impraticables, créant ainsi des embouteillages sur l’unique voie de Gassi vers la ville ; des hommes, femmes et enfants débrouillards peinent à trouver un moyen de déplacement pour se rendre aux marchés et joindre les deux bouts à cause de la rareté des bus. Comme si tout cela ne suffisait pas, le citoyen lambda a trouvé le moyen de s’autodétruire et porter préjudice à ses semblables en mettant des barrages devant sa porte.
Le mal ne vient jamais de loin, dit-on. Comment comprendre que malgré tous ces maux précités, on prend plaisir à empêcher les gens d’emprunter une passerelle ? Là où le bât blesse, c’est que les raisons qui poussent ces personnes à adopter une telle attitude ne sont point valables. « Les passants dérangent trop avec les aller-retour », « les engins détruiront notre devanture », avancent-elles.
Rappelons-le, on achète un terrain sans la route. Celle-ci est une réserve de l’État et se trouve à presque 5 mètres de la concession. Ainsi, le fait de barrer la route, une réserve de l’État, ne doit-il pas être passible de jugement ? Surtout un jugement de conscience individuelle ?
Il ne peut avoir de fumée sans feu
Même si c’est dur à accepter, il est vrai que certains passants, notamment ceux qui ont des engins, dépassent la plupart du temps les bornes. La pluie est un phénomène naturel et ne peut donc être arrêtée, tout le monde le sait. La seule solution, c’est de la prévenir. Comment ? En curant les caniveaux et en aménageant les routes au préalable. Tout ceci devrait être fait en commun accord et en harmonie avec les voisins et les passants (motocyclistes et automobilistes).
Malheureusement, les conducteurs refusent de contribuer à l’aménagement des routes, mais veulent quand même les emprunter en saison pluvieuse. Cela est l’une des raisons qui poussent certains à créer des barrages devant leurs portes. Mais cette raison ne rime pas avec un cœur aussi hospitalier que celui d’un tchadien.
Tout le monde devrait se rappeler que « vanité des vanités, tout est vanité sur terre ». Avant d’être aussi mesquin avec son semblable, posons-nous une question : ne va-t-on pas un jour emprunter aussi les passerelles des autres ?
Ousmal Jumélia