Au Tchad, dans les maternités de plusieurs hôpitaux et centres de santé publics, une pratique peu orthodoxe s’observe. Certaines sages-femmes font recours à la violence tant morale que physique au moment de l’accouchement. Certaines victimes dépassées par les faits brisent le silence. Révélations.
Quand les femmes font recours à un hôpital ou un centre de santé pour accoucher, c’est pour s’attendre à une bonne prise en charge et un accueil chaleureux. Cependant, dans certains hôpitaux publics et centres de santé, c’est tout le contraire. Les professionnelles de santé en charge de l’accouchement, se détournent de leur rôle qui est d’administrer des soins et assistance. La plupart d’entre elles, pour une raison méconnue, appliquent la violence sur les patientes lors des accouchements. Cette pratique inflige le stress et le traumatisme à ces femmes enceintes. Les témoignages en disent long.
De l’avis de Mariam, la vingtaine révolue qui a accouché dans un l’hôpital de la capitale, c’est un moment pénible. « J’aurais préféré une matrone au quartier que de subir une violence gratuite à l’hôpital. Lors de mon accouchement, la sage-femme, s’est comportée comme si j’étais enceinte de son mari. Elle m’a frappé en me demandant de pousser très vite pendant que je souffrais de douleur. Ce n’est pas du tout professionnel d’appliquer la violence sur des personnes vulnérables. C’est vraiment regrettable », a-t-elle témoigné.
Rosalie, une autre victime souligne pour sa part que le traumatisme infligé par certaines sages-femmes, poussera certaines femmes à ne plus tomber enceinte. « Quand le travail a commencé, je me suis rendue à l’hôpital. J’ai fini la procédure normale mais une fois dans la salle d’accouchement, la sage-femme a commencé à m’injurier. Elle m’a humilié tout en appliquant la force sur moi durant mon accouchement. Quand elle criait sur moi, j’avais honte. L’accouchement devrait être un moment de jouissance mais à voir les violences infligées aux femmes dans les hôpitaux, l’État doit prendre ses responsabilités », a-t-elle déploré.
Du côté des professionnels de la santé, chaque sage-femme arrive dans son lieu de service avec ses humeurs. »C’est vrai que certaines sages-femmes crient sur les patientes pendant l’accouchement et ce n’est pas professionnel. Elles doivent plutôt les motiver à vite pousser. J’ai assisté à ces scènes mais comme ce ne sont pas mes prérogatives, j’essaie juste de calmer les sages-femmes en demandant aux patientes de suivre les instructions. Je me dis parfois qu’elles ont des problèmes à la maison », a expliqué un chef de district d’un centre de santé de la place, qui requiert l’anonymat.
Farida L., une sage-femme stagiaire de rajouter que parfois ce n’est pas la violence mais un moyen de pression pour que ces femmes comprennent que donner la vie n’est pas facile. »Parfois les sages-femmes crient sur les femmes en salle d’accouchement pour les galvaniser. Certaines exagèrent mais quand il y a un bon résultat, la femme oublie tout », a-t-elle souligné. Elle rajoute que pour les cas de violence, l’association des sages-femmes prévoit même des sanctions même si elles ne sont pas appliquées. « Si on arrive à sanctionner les sages-femmes concernées une ou deux fois pour des cas de violence verbale ou physique infligée à une patiente, ces pratiques disparaîtront dans nos hôpitaux pour toujours. Je crois que la sanction est mieux pour ces cas d’espèce. Au pire, la radiation », a-t-elle suggéré.