Au Tchad, les meilleures conditions d’hygiène de la viande ne semble pas préoccuper la police sanitaire. Bien qu’elle soit toujours présente sur le terrain, le travail de contrôle est fait avec légèreté et négligence. Un tour dans les aires d’abattage de N’Djamena nous rapproche de la réalité.
A l’aire d’abattage du quartier Atrone, dans le 7e arrondissement, on constate la présence des agents de la police sanitaire. Le mobile exacte de leur présence est méconnu de beaucoup, même dans les rangs des grossistes et bouchers.
Ce sont des centaines de bœufs, moutons et chèvres qui sont abattus sur place, servant d’aliment dans le repas des ménages de la capitale. Sur le terrain, dès que l’animal est abattu, la police sanitaire passe pour le test de la viande avant qu’elle ne soit mise à la disposition des grossistes, détaillants et autres. Mais, pour les commerçants et consommateurs, cette police sanitaire est peu professionnelle. »Ces agents ne font pas bien leur travail. Ils sont là pour l’argent et la viande qu’on leur donne gratuitement. En aucun cas, ils vérifient réellement l’état sanitaire de la viande. Ils sont d’ailleurs les complices des grossistes de viandes« , lance un habitué de cette surface d’abattage.
Nadjissara Philomène, une consommatrice déplore, pour sa part, la qualité de la viande vendue. »Non seulement la police sanitaire ne fait pas son travail, mais elle est aussi méconnue. Il n’y a pas vraiment un contrôle sérieux sur les viandes que nous consommons. Le bœuf ou le mouton peut être contaminé et donc quant il est abattu pour la consommation, il faut un contrôle sanitaire de qualité. C’est ce contrôle qui permet d’éviter la contamination aux maladies liées à la consommation de la viande », a-t-elle expliqué.
Roseline, une autre cliente de renchérir que c’est Dieu qui protège les Tchadiens. »On consomme la viande des animaux malades mais c’est notre argent et Dieu qui nous épargne du pire. La police sanitaire vient pour faire des feutres sur la viande en indiquant que c’est consommable. Tout ça, sans vérification sérieuse. On n’a pas assez de moyens donc on bouillit pour éliminer les microbes et autres avant la cuisson « , a t-elle témoigné.
Du côté des officiels, un agent de la police sanitaire qui requiert l’anonymat informe que les efforts sont fournis mais les missions assignées à ladite police sont méconnues de la population. Selon lui, il y a des risques de maladies par la consommation de la viande non autorisée par nos services. »On est incompris. Certaines personnes pensent qu’on est là pour les escroquer pourtant on fait notre travail dignement pour leur éviter certaines maladies. C’est dommage. On va sensibiliser la population pour qu’elle ait une idée de ce qu’on fait comme travail » relève-t-il.
Compte tenu de l’impopularité de la police sanitaire, l’État doit prendre sa responsabilité afin de vulgariser les missions et compétences de cette police. Les agents doivent être outillés et équipés de matériels adéquats dans l’exercice de leur fonction. La création d’une commission chargée du contrôle, constituée des experts de la santé, est également souhaitable sinon les failles seront toujours d’actualité.