Tchad : les défis qui attendent Abdoulaye Sabre Fadoul aux Affaires étrangères

Le 6 février 2025, le Premier ministre Allah-Maye Halina a dévoilé la composition de son nouveau gouvernement. Parmi les nominations notables, Abdoulaye Sabre Fadoul, ancien ministre de la Santé et conseiller à la présidence, succède à Abderaman Koulamallah au poste de ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Tchadiens de l’étranger.

Juriste de formation, diplômé de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et titulaire d’un doctorat en droit public de l’Université Paris-V René-Descartes, M. Sabre Fadoul a occupé plusieurs postes ministériels sous la présidence d’Idriss Déby Itno, notamment aux Finances et à la Santé publique.

Sa nomination intervient dans un contexte diplomatique complexe pour le Tchad. Les relations avec le Soudan sont particulièrement tendues, ce dernier accusant N’Djamena de soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) dans le conflit qui l’oppose à l’armée régulière. Le Tchad a qualifié ces accusations d’« inacceptables et inamicales », dénonçant un « dessein inavoué » de la part de Khartoum.

Parallèlement, la diplomatie tchadienne doit redéfinir sa coopération avec la France. En novembre 2024, N’Djamena a annoncé la fin de ses accords de coopération militaire avec Paris, affirmant sa volonté de réorienter ses partenariats stratégiques.

La réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en novembre 2024 ajoute une dimension supplémentaire aux défis diplomatiques du Tchad. L’administration Trump a montré peu d’intérêt pour le continent africain, et la récente décision de geler presque toute l’aide étrangère américaine pourrait avoir des répercussions significatives sur des programmes essentiels au Tchad.

Dans ce contexte, Abdoulaye Sabre Fadoul devra également défendre la candidature d’Abbas Mahamat Tolli, ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). Soutenu par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), M. Tolli vise à succéder à Akinwumi Adesina lors de l’élection prévue en mai 2025. Sa candidature représente une opportunité pour le Tchad de renforcer son influence au sein des institutions financières africaines.

Abdoulaye Sabre Fadoul est donc confronté à des défis majeurs : apaiser les tensions avec le Soudan, redéfinir les alliances internationales du Tchad, gérer les conséquences de la réduction de l’aide américaine, et promouvoir la candidature de M. Tolli à la tête de la BAD, tout en renforçant l’intégration africaine et en soutenant les Tchadiens de la diaspora.

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