Le nouveau chef du gouvernement de transition a fait face aux Conseillers Nationaux les 18 et 19 janvier à l’occasion de la présentation de son programme politique. Un quasi-plébiscite pour l’ex-opposant radical, puisque sa feuille de route a reçu l’approbation de 165 conseillers nationaux, soit un pourcentage de 95,4 %.
C’est un programme politique de 58 points d’actions qui ressemble plus à un projet électoral personnel plutôt qu’à l’implémentation opérationnelle d’une stratégie gouvernementale traditionnelle. Durant deux jours de travaux au Palais de la Démocratie, marqués par des débats houleux, les conseillers nationaux ont soulevé des inquiétudes, notamment au regard du temps matériel pour mettre en place ce projet politique ambitieux.
En effet, la transition politique au Tchad devrait prendre fin dans huit mois, avec l’organisation d’élections présidentielles prévues pour rétablir l’ordre constitutionnel, légitimé par les urnes. Par conséquent, les conseillers nationaux de transition ont estimé que huit mois ne seraient pas suffisants pour exécuter les 58 points relevés par le locataire de l’hôtel le Méridien.

Malgré cet inconvénient de délai indéniable, Dr Succès Masra semble montrer une apparente confiance. Se projette-t-il dans les souliers de Premier Ministre sur le long terme ? L’assurance du nouveau PM devant l’Assemblée nationale laisse croire que l’accord de de Kinshasa (facilité par le Président Tshisekedi à la mi-novembre) qui a permis le retour de Masra au Tchad n’a pas encore livré tous ses secrets. Il est possible que l’accord cache des ententes politiques visant à maintenir Dr Succès Masra au-delà des huit mois initialement prévus à la primature, ce qui lui permettrait de mettre en œuvre son programme politique.
D’autre part, cela pourrait aussi signifier que des garanties ont été fixées pour assurer une certaine stabilité et continuité dans la gestion du gouvernement, même après les élections à venir. Le programme politique de Masra inclut des réformes ambitieuses nécessitant plus de temps que la période de transition ne le permette. Sa projection de rester longtemps à la primature pourrait alors justifier la présentation d’un programme si ambitieux et régler peut-être par la même occasion, la nécessité de maintenir une certaine constance à la tête du gouvernement.
Il ne serait pas irraisonnable d’avancer que le PM Succès Masra serait peut-être assis sur son fauteuil de Chef de gouvernement pendant encore un long moment, mais qu’aurait-il cédé en contrepartie ? Dans ce schéma à plusieurs inconnus, l’on ne peut être certain de rien, sauf d’une chose : « Un village, une école » sur les 1. 284. 000 km² que compte le Tchad ne peut se faire en 8 mois…Wait and see.
