La commission mixte en charge du contrôle des 5 pièces afférentes à la circulation routière mise en place le 12 juin dernier a procédé, le 15 juillet 2024, à l’opération. Force est de constater que malgré la conformité de certains véhicules, un document avec la mention ‘’OK’’ d’une valeur de 60.000 FCFA est obligatoire. Une exigence qui irrite les usagers.
Les pièces afférentes à la circulation des véhicules, selon le Directeur Général de la Police Nationale, sont : le dédouanement, la carte grise, la fiche technique, l’assurance et le permis de conduire. Or, sur le terrain, le 15 juillet 2024, les documents demandés aux usagers sont non conformes à ceux notifiés dans le communiqué signé par le patron de la sureté nationale, Brahim Ahmat Gourou.
Peu importe là où les usagers sont arrêtés, la commission procède au contrôle des pièces mentionnées dans le communiqué, mais elle exige aussi quelques nouveaux éléments. Il s’agit, entre autres, du certificat médical, des chaussures fermées du chauffeur, les organes du véhicule, la trousse de premier secours, le triangle de signalisation et la ceinture de sécurité.
Rencontré au Quartier général de la commission mixte à Paris-congo, dans le 6ᵉ arrondissement, Moussa Salhadine ne s’en remet pas. « Le communiqué du DG de la Police dit une autre chose et la commission applique autre chose. J’ai tous les documents requis pour mon véhicule, mais je me retrouve ici et on me demande de payer plus de 60.000 FCFA pour le OK. C’est vraiment une escroquerie à ciel ouvert », a-t-il déploré.
Adam Tahir renchérit qu’en dehors des entreprises, 90% des usagers tchadiens ne sont pas en règle donc il faut du temps pour régulariser cette situation. « On va simplement garer nos véhicules. Il y a les problèmes sociaux plus sérieux à gérer dans ce pays mais on nous parle d’assurance dans un pays sans route et un ‘’OK’’ pour un véhicule qui est en règle. Je trouve que c’est simplement du vol », a-t-il indiqué.
Selon l’attaché de presse du Ministère de la Sécurité Publique, Amane Isaac Azina, être en règle est une exigence légale. « L’objectif est d’avoir un contrôle sur les engins qui circulent dans notre pays. Pour l’assurance, ce n’est pas listé parmi les documents impératifs, mais c’est légal pour circuler sur les routes. Ça contribue à la sécurité routière et permet d’encourager les conducteurs à plus de prudence. C’est aussi un acte civique et patriotique d’avoir les documents de son véhicule au complet », a-t-il défendu.
Le ‘’OK’’ qui vaut un pesant d’or
L’un des manquements au communiqué du patron de la Police est l’apparition brutale, après contrôle des véhicules, d’un ‘’OK’’, ce qui suscite des débats dans la ville. Il s’agit d’un document qui permettra aux usagers de prouver que leurs véhicules ont déjà été contrôlés.
Cependant, les étapes pour l’obtention du document avec la mention ‘’OK’’ est un parcours de combattant. Pour entrer en sa possession, il faut présenter les documents requis, se faire délivrer une convocation, obtenir une fiche de sortie pour la suite de la procédure et payer 60.000 FCFA. « Je suis au complet, mais je dois payer le ‘’OK’’. J’ai passé toute la journée pour son obtention. Comme tout s’improvise dans ce pays, je serai obligé de repasser plus tard pour régulariser, même si je juge inacceptable cette manière de faire les choses », déplore Roger Djenarem.
Rosine Nonkar trouve, pour sa part, que le moment n’est pas propice, surtout pendant cette saison de pluie. « C’est juste une façon pour les autorités de remplir les caisses de l’État comme ils ont dilapidé l’argent pendant la campagne présidentielle. C’est la deuxième fois qu’on assiste au scenario du ‘’OK’’. Ça ne sert à rien de se sucrer sur le dos des contribuables. On va garer nos engins le temps qu’ils reviennent à des meilleurs sentiments », a-t-elle martelé.
Pour Hassan Khalil, l’État doit revoir cette décision, car sinon, ça sera une grogne populaire. « Si les papiers du véhicule sont en règle, à quoi servira un ‘’OK’’ ? Qu’on nous explique sinon pour nous, c’est du vol. En plus d’une seule base qui sert de QG à la commission, un contrôle sérieux doit être décentralisé dans tous les 10 arrondissements pour rendre fluide la circulation. Les autorités doivent également nous édifier sur les 60.000 FCFA qui servent de frais de ‘’OK’’ », a-t-il proposé.
Dans les normes des choses, quand il s’agit de contrôler les engins dans la transparence, un ‘’OK’’ devrait tout simplement contenir un ou trois timbres fiscaux de 1000 FCFA afin de faire une caisse à la commission. Mais de là à taxer ceux qui sont en conformité, c’est du vol à ciel ouvert. Le temps que les pouvoirs publics trouvent une solution définitive, les agents en charge du contrôle doivent se focaliser sur les documents requis dans le communiqué du DG de la Police. Et ce, dans le but de prouver leur bonne foi face aux usagers de la route.