Tchad : l’affaire Claustre ou la notoriété de Hissein Habré

CHAD. Tibesti desert. The Affaire CLAUSTRE.

21 avril 1974 – 21 avril 2024, cela faisait 50 ans, jour pour jour, que la rebellion des Forces Armées du Nord de Hissein Habré a fait parler d’elle au niveau international. L’affaire Claustre naît de l’enlèvement de trois expatriés dans le nord du Tchad. Retour sur cette histoire des années 70 qui a lancé politiquement Hissein Habré.

Le 21 avril 1974, à Bardaï dans le nord-ouest, trois coopérants sont enlevés dans la région montagneuse du Tibesti. Il s’agit du médecin allemand Christophe Staewen et de deux Français : le coopérant Marc Combe et l’archéologue Françoise Claustre. Un kidnapping organisé par des combattants du Conseil de Commandement des Forces Armées du Nord (CCFAN). Ces événements font connaître la rébellion du Tibesti dans le monde entier, en particulier l’un de ses chefs, Hissène Habré.

Nous sommes en 1972. Hissène Habré dirige le Frolinat, (Front de libération du Tchad), une guérilla formée dans les grottes volcaniques des montagnes du Tibesti. Le pays traverse alors une violente guerre civile, déchiré entre les combattants Toubous du Tibesti, soutenus puis lâchés par la Libye de Kadhafi, et le gouvernement en place à N’Djamena soutenu et armé par la France.

Le désaccord entre les principaux leaders du Frolinat a occasionné ce kidnapping. La mésentente entre Abba Sidick et Goukouni Weddeye est consommée par une rupture définitive et le rapprochement entre le second et Hissein Habré. Les deux fils du grand nord fondent le CCFAN et contrôlent la région avec leurs combattants. La capture de l’archéologue française, Françoise Claustre, prend une autre tournure et devient désormais l’affaire Claustre.

Habré veut échanger les otages contre des armes et de l’argent. Il demande une rançon de 10 millions de francs CFA sinon il exécutera Claustre. L’Allemagne accepte de payer. La France a eu la « mauvaise idée » d’envoyer le commandant Pierre Galopin, l’un des pires ennemis des Toubous pour négocier la libération des deux Français. Celui-ci fut arrêté par la rébellion et exécuté en avril 1975. Marc Combe fini par s’échapper, mais Françoise Claustre, elle, reste 33 mois entre les mains des rebelles. Mme Claustre fut libérée finalement le 1ᵉʳ février 1977 avec son époux qui a tenté de la libérer et fut fait prisonnier à son tour.

À savoir, Françoise Claustre est une ethnologue et archéologue. Elle a publié plusieurs résultats de ses recherches sur le Tchad, notamment « Le gisement Sao de Mdaga » et « Sahara et Sahel à l’âge du fer : Borkou, Tchad ». Elle est morte le 03 septembre 2006.

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