Les statistiques de l’année 2023 au Tchad pointent vers une hausse significative des cas de violences envers les femmes et les enfants. Cette augmentation préoccupante des cas nécessite une attention et des actions concrètes.
Les cas de violences sexuelles ont connu une augmentation notable, avec une augmentation de 15 %. Les organisations locales de défense des droits des femmes soulignent que ces chiffres pourraient sous-estimer la réalité, car de nombreuses victimes n’osent pas signaler ces crimes par peur de représailles. Les enfants ne sont pas en reste, avec une croissance de 18 % des cas de maltraitance signalés.
La Directrice du PILC (Public interest law center), Kemneloum Delphine, souligne que 5.933 de cas de violences des femmes et 197 cas de violences faites aux enfants sont traités en 2023. Selon elle, ce chiffre est déplorable. « Nous traitons toutes sortes de violences faites aux femmes et aux enfants au PILC. L’âge des victimes varie entre 4 et 35 ans. Le cas de viol des enfants dont l’âge varie entre 8 à 12 ans est aussi à signaler. C’est vraiment lamentable », affirme-t-elle.
Les femmes, souvent victimes de violences conjugales, voient leurs droits bafoués, malgré les avancées législatives visant à les protéger. C’est le cas d’Amina, une jeune femme de 23 ans, victime de violences domestiques depuis plusieurs années. Malgré ses efforts pour signaler les abus, l’accès limité aux ressources et le manque de soutien ont entravé sa quête de justice. « Mes parents m’ont forcé à épouser un homme âgé de 70 ans. À chaque fois, il me bat. Quand je pars chez mes parents, de retour, il m’attend avec un bâton devant la porte pour me frapper jusqu’à me défigurer. J’ai expliqué mon cas à un avocat qui a promis d’envoyer l’affaire en justice, mais ça fait déjà six mois qu’il n’y a pas une suite favorable et ma souffrance continue », témoigne-t-elle. Son histoire reflète la lutte quotidienne de nombreuses femmes confrontées à des situations similaires, soulignant l’urgence d’une réponse gouvernementale et communautaire plus robuste.
Les enfants sont aussi les plus maltraités par leurs parents adoptifs. Ils sont forcés à faire tous les travaux ménagers qui dépassent leurs âges. La majorité n’est pas scolarisée. Claudine, une victime âgée de 12 ans, explique qu’elle a été maltraitée par la femme de son oncle. Selon elle, malgré toutes les tâches ménagères, sa belle-mère la force à faire le commerce. Mais elle n’a jamais été inscrite à l’école. « Quand je me lève le matin à 5h, je nettoie la maison, je lave les tasses, les habits et je prépare à manger. Ensuite, je pars au marché pour vendre les patates pour rentrer à 17h chaque jour, alors que les enfants de nos voisins partent à l’école », se lamente-t-elle.
Face à cette montée inquiétante, les autorités tchadiennes sont interpellées à redoubler d’efforts pour protéger les plus vulnérables. Le droit des femmes et des enfants doit être respecté. Cependant, les ONG et la société civile qui œuvrent pour le droit de la femme et de l’enfant, doivent mener des bonnes actions qui sont, entre autres, le renforcement des lois existantes, la sensibilisation accrue et l’assistance renforcée aux victimes afin de lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants au Tchad.
Marie-Claire Tari Koumninga