Un rapport de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH) révèle des conditions de détention pendant la période de la pandémie à Covid-19, notamment la surpopulation carcérale.
Le document conçu et soumis à la 75e session du Comité de lutte contre la torture indique que la prison de N’Djamena, construite pour accueillir 350 détenus, comptait plutôt plus de 2 743 prisonniers en fin mars 2020. Intitulé « tourner la page de la torture pour écrire une nouvelle histoire », ce rapport est constitué d’une quarantaine de page et rédigé conjointement par l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) et la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH). Il rappelle que dès l’apparition du Covid-19 au Tchad, les prisons ont été considérées comme très risquées à cause de la surpopulation carcérale, elle-même due à un taux élevé de détention préventive.
Selon la LTDH, cette situation s’observe notamment dans les principales prisons de N’Djamena, Moundou et Abéché, où l’on rencontre une criminalité et délinquance importante. Par exemple, conçue pour accueillir 350 détenus, la prison de N’Djamena comptait, en fin mars 2020, plus de 2.743 personnes, soit plus de 700 % de sa capacité d’occupation.
Le rapport rajoute que pour réduire le risque de contamination au virus dans les prisons du Tchad, le ministre de la Justice a décidé d’interdire les visites des familles et des proches. « Cette mesure a conduit à une mutinerie à la Maison d’arrêt de N’Djaména le 20 mars 2020. La mutinerie a été suivie d’une tentative d’évasion, liée à la peur généralisée de la propagation du virus dans une prison surpeuplée. En revanche, l’intervention violente des forces de l’ordre pour réprimer ces événements, en faisant usage de balles réelles, a causé la mort de deux à cinq personnes et plusieurs blessés, reflétant ainsi l’inadéquation des réponses proposées par les États dans ce contexte », justifie la LTDH
Il faut noter que ce rapport, d’après les auteurs, est le fruit d’un atelier préparatoire réalisé les 21 et 22 septembre 2022 à N’Djamena rassemblant une dizaine d’organisations de la société́ civile tchadienne et six journalistes. Les organisations participantes développent des activités dans les régions du pays et sont engagées dans la protection des droits humains, la lutte contre la torture, la lutte contre les violences faites aux femmes, la protection de l’enfance et la protection des migrants. Ces travaux ont eu lieu en présence d’un représentant de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH).