Les enseignants du secteur public ont déclenché, depuis le 3 octobre 2023, une grève sèche et illimitée au Tchad. Ce mouvement d’humeur qui a touché aussi les écoles privées a paralysé le système éducatif tchadien.
C’est depuis plus d’une dizaine de jours que les cours sont aux arrêts dans les établissements publics du Tchad, à cause de la grève déclenchée par les fonctionnaires du secteur de l’éducation. Ce mouvement d’humeur a touché certains établissements privés qui ont été forcés de suspendre, eux aussi, les cours pour des raisons de sécurité. La plupart de ces écoles qui ont fermé leurs portes, ont été contraintes de le faire, car les élèves des établissements publics qui ne digèrent pas cette grève, s’organisent pour perturber les autres.
Le 13 novembre 2023, au quartier Gassi dans le 7ᵉ arrondissement, ces élèves qui avaient pris d’assaut certains établissements privés, ont obligé les responsables à suspendre les cours. « Ils ont jeté des cailloux sur les toits des salles de classe, éveillant la panique. Cela nous a poussé à libérer les enfants. Heureusement que la police est intervenue rapidement pour les disperser, évitant ainsi le pire », a témoigné un responsable d’établissement privé au quartier Gassi. Cependant, il faut admettre que cette grève paralyse le système éducatif tchadien.
Les enseignants sont divisés.
Il est clair que la grève a créé une division entre les enseignants. Les membres du bureau du Syndicat des enseignants du Tchad (Set), sont désavoués d’un côté et le Comité de crise de l’autre côté. Ces deux entités se contredisent dans les décisions. Pendant que le Set appelle à la reprise des cours, le comité maintient la grève. Cette situation risque de compliquer encore davantage les choses surtout que le gouvernement de Saleh Kebzabo piétine dans les négociations.
On se souvient encore de la rencontre entre le syndicat des enseignants et le premier ministre de Transition à la primature à l’entame de cette grève, qui a accouché d’une souris. La secrétaire d’État à l’éducation Nationale et à la Promotion Civique, Guemdjé Liliane qui a fait un point de presse le 14 novembre 2023 par rapport à la situation conflictuelle entre le Set et le Comité de crise, a appelé les parties à plus de responsabilité. Car leurs positions actuelles impactent négativement les activités pédagogiques.
La base a le soutien du Comité de crise
Le Comité de crise a la confiance de la base. C’est le schéma qui se dessine maintenant et la voix des membres du bureau du Set, semble inaudible. Les enseignants refusent de reprendre le chemin des classes malgré l’appel lancé par les membres dudit syndicat.
D’après Madjitebaye Reoungar Elie, membre de ce comité, la décision prise par ces derniers n’est plus valable. Car, ces les responsables du syndicat ont été désavoués. C’est ce qui a aussi été constaté sur le terrain lorsque le Set national a appelé à la reprise des cours, aucun enseignant n’a respecté ledit appel. Cet appel qui a été réitéré par le bureau du Set provincial de la ville de N’Djaména, n’a pas également porté des fruits. La preuve, les enfants sont toujours à la maison. A l’allure où les choses évoluent, il est clair que cette grève va s’allonger. A moins que le Président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno n’intervienne en personne pour rétablir la confiance entre les enseignants et le gouvernement de transition. Pour l’instant cette grève qui perturbe le programme pédagogique aura certainement des conséquences sur le calendrier scolaire parce que l’on s’approche déjà de la fin du premier trimestre.
Le gouvernement menace
Au lieu de chercher à trouver des solutions à cette crise qui perdure, le gouvernement continue toujours à menacer. La secrétaire d’État à l’éducation Nationale et à la Promotion Civique, Guemdjé Liliane, lors de sa communication, a emboité le pas de Saleh Kebzabo pour proférer des menaces aux enseignants. Dans sa communication, elle appelle les enseignants à reprendre les cours dans un meilleur délai sous peine de sanction. « Dans les jours à venir, des missions de contrôle et d’inspection seront déclenchées sur toute l’étendue du territoire national à l’effet de s’assurer de l’effectivité de la rentrée scolaire et de la présence physique des agents sur le terrain », a-t-elle martelé. Selon elle, la majeure partie des revendications ont été prises en compte. Donc, il n’y a aucune raison de continuer la grève.
Vivement que les deux camps s’entendent. Car, il faut reconnaître que cette grève paralyse le système éducatif tchadien qui est déjà dans l’agonie depuis des années.