L’extrême chômage de la jeunesse tchadienne rend encore plus criant le besoin d’une formation professionnelle adaptée aux emplois disponibles, alors que le manque de main d’œuvre qualifiée freine la croissance des entreprises.
Au Tchad, la moitié de la population est constituée de jeunes âgés de 15 à 24 ans. La plupart d’entre eux n’ont pas de travail et la crise économique qui se prolonge pourrait accroitre cette proportion. Alphabétisés à 47%, ils sont trois fois plus exposés au risque de chômage que les autres.
« La jeunesse est une bonne synthèse des chances incroyables dont pourrait bénéficier le Tchad dans les décennies à venir, mais aussi des handicaps auxquels le pays pourrait faire face », estime Ngaradoum Zinsou, leader de la société. Pour lui, cette jeunesse représente une formidable manne de main d’œuvre et l’avenir du pays. Mais sa non-insertion dans la vie économique est une bombe à retardement, comme le confirment les statistiques faisant état, dans la sous région, de la hausse de la délinquance, des troubles à l’ordre public et de la consommation de drogues.
Il ne suffit pas d’avoir des écoles. Encore faut-il qu’elles soient équipées de façon à bien former. Pour le lycée d’enseignement technique industriel par exemple, il faut des techniciens capables d’utiliser les matériels modernes dont se servent les entreprises recruteuses. Mais malheureusement, 60 % de ces techniciens sont sous-équipés et la situation reste embryonnaire.
Selon Krimba Adebsouna, ancien proviseur du Lycée Technique Industriel de N’Djamena « les métiers issus de la formation professionnelle sont délaissés, car dévalorisés, voire dénigrés, ce qui est dramatique pour un pays qui a besoin de résorber de plus en plus de demandeurs d’emploi ».
D’après certains techniciens spécialisés, il faut mettre au point de nouveaux mécanismes de compensation. « Au Tchad, comme dans la majorité des pays africains, la formation est inadaptée. Nos Universités et écoles doivent créer des formations qui collent à nos réalités. Il faut également des structures qui permettent à nos actifs de se recycler, d’apprendre à utiliser les nouvelles technologies. Les entreprises locales et multinationales qui opèrent sur le continent peuvent contribuer à cette formation. Une autre idée très utile serait de créer un fonds d’aide au retour des cadres africains. Ils pourraient ainsi revenir travailler pour le développement de leur continent tout en étant rémunérés à hauteur de leurs compétences », recommande Natwa Hindina Pierre, entrepreneure et leader du projet Éco-climatisation.
Rappelons que le Tchad a un marché dont les besoins sont rarement en adéquation avec l’enseignement dispensé, d’où l’importance de l’orientation et de la formation professionnelle.