Le certificat médical qui est un document attestant du bon bilan sanitaire du demandeur s’octroie sans examination préalable la plupart du temps. Cette pratique qui ne respecte pas les normes, n’est pas sans risque.
Le certificat médical est censé prouver et justifier le bon état de santé d’une personne. Il permet de prévenir des risques liés à la santé. Dans la pratique, ce document est l’ombre de lui-même car, il suffit juste de le signer et remettre aux demandeurs.
L’hôpital polyclinique Chérif Kasser est connu par la plupart des N’Djamenois, comme une référence dans la procuration des certificats médicaux. En immersion dans cet hôpital pour s’imprégner de la réalité de la procédure de délivrance de ce document, nous avons observé une pratique qui est peu orthodoxe. A la caisse, une somme de 1.500 FCFA doit être versée, s’en suit la remise de la fiche médicale à remplir. Après cette étape, le médecin appose sa signature attestant que la personne est en ‘’bonne santé’’ sans une préalable consultation.
De l’avis de Allaïssem Frédéric, étudiant en sociologie venu retirer son certificat médical, le public est conscient de la procédure mais l’objectif est d’avoir le document afin de constituer son dossier. « La plupart des gens qui viennent pour ce service connaissent bien la procédure. C’est la situation ou le besoin qui nous pousse à violer les règles établies. Dans l’ensemble on sait que c’est pour constituer des dossiers. C’est pourquoi, il n’y a pas de rigueur dans la délivrance. Sinon on connait bien son importance et ce qu’il fallait faire pour l’obtenir. C’est l’urgence qui nous pousse à bruler certaines étapes », a-t-il souligné.
Anne Marie, une autre patiente rassure pour sa part que c’est aussi à la demande des clients. « Si je ne suis pas malade, je préfère payer 1.500 FCFA pour avoir le certificat médical que de payer aussi pour la consultation. Le choix est clair. Sauf si je suis malade, je me ferai consulter. Mais en général, quand on demande les certificats médicaux, c’est pour besoin de nécessité. Ce document n’est qu’une formalité administrative et même les médecins le savent », a-t-elle justifié.
Du coté des responsables de l’hôpital, c’est compte tenu de la demande et du mobile, que la rigueur n’est pas tenue dans la délivrance de ce document. « L’importance de ce papier est connue. Les normes aussi sont respectées mais la réalité sur le terrain est aussi là. Parfois la demande est élevée et les objectifs se diffèrent. Certains demandeurs sont véridiques avec nous. C’est à leur demande et sur présentation d’un bulletin sanitaire qu’on délivre. Pour faciliter la constitution de certains dossiers, ça ne nécessite pas un examen approfondi. Certaines situations nécessitent aussi des examens bien approfondis et on le dit aux demandeurs. Ce n’est pas du tout généralisé le fait de délivrer sanas contrôle », a expliqué un médecin de l’hôpital qui a requis l’anonymat.
Il poursuit que quand c’est pour constituer certains dossiers nécessaires, les examens sont bien approfondis. « Pour les ONG, y a de la rigueur. Il n’y a pas que chez nous. Dans les cliniques privées aussi c’est la même procédure. Tout se fait sur demande du patient. Entre payer le prix du certificat médical et payer les frais d’examen général, c’est aux patients de choisir ce qui les arrangent. Les patients soucieux de leur santé sont aussi soumis à tous les examens. C’est une question de santé donc le médecin est obligé de respecter la demande du patient », a conclu le médecin.
Pour rappel, le certificat médical est d’une importance capitale pour un patient. Il nécessite un examen bien approfondi qui permet de constater l’aptitude, connaître la dangerosité des maladies, identifier un handicap, une lésion ou un traumatisme chez les patients. Le respect et la rigueur dans la procédure d’élaboration de ce certificat, pourra soulager et situer les demandeurs sur leur état de santé. Les responsables sanitaires sont interpellés à cet effet.