Créées conformément à l’article 3 de l’Ordonnance N°002/PCMT/2022 du 28 juillet 2022, les Zones Économiques Spéciales (ZES) du Tchad peinent à susciter l’engouement espéré des investisseurs. Et ce, malgré un potentiel économique considérable et des dispositifs institutionnels incitatifs. Aujourd’hui, le pays compte sept ZES réparties dans les provinces de N’Djaména, Chari-Baguirmi, Ouaddaï, Batha, Logone, Moyen-Chari et Ennedi-Est, ainsi que dans trois zones agro-écologiques (Nord, Sud-Est, Sud-Ouest). Mais les résultats restent en deçà des attentes.
Le Tchad ne manque pourtant pas d’atouts : plus de 39 millions d’hectares de terres cultivables, plus de 146 millions de têtes de bétail, un important réseau hydrographique… Autant de ressources qui, sur le papier, devraient attirer les investisseurs. Pourtant, peu d’entre eux franchissent le pas.
Un manque d’attractivité structurel
Plusieurs freins expliquent cette situation. Le premier est l’accès limité à une énergie fiable et abordable, un prérequis pour tout projet industriel d’envergure. Le second obstacle réside dans le déficit d’infrastructures prioritaires : routes, installations douanières, entrepôts, zones logistiques ou encore connectivité numérique sont insuffisants, voire absents dans certaines zones.
À cela s’ajoute un cadre réglementaire encore peu compétitif malgré les avancées enregistrées. D’autres freins incluent le manque de promotion active des ZES et l’absence de services d’accompagnement structurés pour les investisseurs.
Sept leviers pour dynamiser les ZES
Pour inverser la tendance et renforcer l’attractivité des ZES tchadiennes, sept axes de réflexion sont proposés :
- Des études de faisabilité ciblées : chaque ZES devrait faire l’objet d’une analyse approfondie de son potentiel, de ses ressources, de son environnement concurrentiel et de ses secteurs porteurs afin de déterminer ses avantages comparatifs.
- Un cadre réglementaire incitatif : cela implique une législation claire sur les exonérations fiscales, les facilités douanières, la liberté de rapatriement des capitaux, mais aussi la protection juridique des investissements.
- Des infrastructures adaptées : le développement d’infrastructures clés (routes, énergie, télécommunications, bâtiments industriels, zones logistiques) est indispensable pour attirer et retenir les investisseurs.
- Un positionnement stratégique clair : chaque ZES doit cibler des secteurs prioritaires (agro-industrie, textile, électronique, logistique, services), définir ses marchés cibles et construire une identité propre.
- Une promotion proactive : participation à des salons internationaux, organisation de forums d’investissement, campagnes de communication ciblées et réseautage avec les ambassades et chambres de commerce doivent être au cœur de la stratégie.
- Des services d’accompagnement renforcés : au-delà du guichet unique, il est essentiel d’assurer un accompagnement à l’installation (recrutement, formation, logement) et un service après-investissement réactif.
- Un système de suivi et d’évaluation continue : la mise en place d’indicateurs de performance, d’enquêtes de satisfaction et d’un mécanisme d’ajustement des modèles de ZES permettra une amélioration constante.
Ces pistes, si elles sont mises en œuvre de manière cohérente et ambitieuse, pourraient permettre aux ZES du Tchad de devenir de véritables moteurs de développement économique et d’attractivité pour les investisseurs étrangers.
Hisguima Dassidi Crépin
Doctorant en sciences économiques