Le manque d’encadrement, les difficultés d’accès aux crédits et la lourdeur administrative étouffent les jeunes entrepreneurs tchadiens. Ils pensent souvent avoir fait le plus dur en créant un produit, une marque ou un service.
Les jeunes tchadiens qui se lancent dans l’entrepreneuriat rencontrent beaucoup de difficultés. Une situation qui les emmène parfois à fermer leurs entreprises aussitôt qu’elles ont été créées. Parmi ces difficultés, figure en bonne place, le manque d’encadrement. « Les petites structures doivent normalement avoir 3 ou 4 employés, mais n’ayant pas de moyens, le jeune patron se retrouve à jouer plusieurs rôles (manager, comptable, commercial). Il sera forcément plus compétent dans un domaine. Les autres constituent le point faible de l’entreprise », explique Dénemadji Odette, responsable d’une entreprise de fabrication d’huile (Cosmétiques Bio). Elle renchérit que : « quand ils ont la capacité et la compétence de gérer, il leur manque de l’expérience ». Selon elle, ce problème a causé la fermeture de plusieurs entreprises dirigées par des jeunes. Par ailleurs, les unités de production n’ont pas de facilités d’accès au crédit.
Sur 40 000 entreprises portées par les jeunes, moins de 5 000 bénéficient des financements étatiques dans le cadre des fonds et programmes d’appui. Ces micros entreprises sont alors obligés de solliciter les établissements de microfinances qui pratiquent des taux d’intérêt très élevés.
La lourdeur administrative constitue également un obstacle à l’émergence de l’entrepreneuriat jeune au Tchad. Récemment, des jeunes entrepreneurs ont dénoncé l’agilité et la lenteur du traitement des dossiers au sein de l’administration publique. « Normalement, il faut 72h pour mettre sur pied une entreprise. Mais sur le terrain, la procédure peut prendre plus d’un mois avec des renvois successifs », témoigne Moussa Ali, chef d’entreprise âgé d’une trentaine d’années. « Même l’Etat ne facilite pas la tâche aux jeunes entrepreneurs, avec le paiement des factures liées aux différentes prestations de services », ajoute t-il.
En effet, pour la plupart des entreprises qui sont dans une phase de croissance, l’accès aux financements est l’un des problèmes majeurs qu’elles rencontrent. Et même en cas de disponibilités des fonds, ils sont rarement adaptés pour bien accompagner ces entrepreneurs dans leurs projets. À cela, il faut également ajouter que l’une des principales raisons de l’échec des entrepreneurs est la mauvaise gestion du budget. Il est souvent complexe de préparer un budget en amont alors que des imprévus peuvent avoir lieu. De même, il est primordial que ces derniers contrôlent leurs comptes clients et fournisseurs. Il y a également le manque d’énergie qui fait partie de ces difficultés.
« Les difficultés sont énormes, et d’ailleurs de façon générale les conditions ne sont pas favorables à l’entrepreneuriat au Tchad », se lamente Halasse Jessica, jeune entrepreneure dans le secteur des produits locaux.