Au nord tchadien, compte tenu de l’orpaillage artisanal qui se développe de plus en plus, les boutiquiers des différents souks aux alentours de ces zones d’orpaillage sont contraints de troquer avec l’or comme monnaie d’échange. C’est le cas du marché de Gouro dans l’Ennedi Ouest. Ce qui occasionne la pratique du troc comme échange commercial.
Ce vendredi 26 avril 2024, l’Harmattan, ce vent qui souffle du nord-est vers le sud-ouest au Tchad s’est affolé sur la ville de Gouro. Trop fort, le vent soulève avec lui sable et poussière pour les jeter sur tout ce qui se trouve sur son passage. Ses souffles n’ont tout de même pas empêché Mahamat d’ouvrir son commerce situé au marché de la ville. Debout devant sa boutique il reçoit un client venu s’acheter une paire de chaussettes. Mais pas avec de l’argent. C’est avec de l’or qu’il veut faire son shopping. A N’Djamena, cette pratique semble étrange mais « c’est trop commode ces échanges », nous fait savoir un jeune homme qui semble être le fils du boutiquier. A Gouro comme dans la plupart des localités de l’extrême nord tchadien, troquer avec de l’or est une monnaie courante.
Pour connaître les raisons de ce phénomène, il faut remonter dans le temps. De 2015 jusqu’à présent, dans cette région, s’est développé l’orpaillage artisanal. Ce dernier a occasionné une ruée des jeunes vers ces zones. Les plus nombreux parmi eux ce sont ceux de la zone septentrionale.
Pour ce qui de Gouro, la ville est située loin des zones d’orpaillages. « Le plus proche se trouve à environ 500 km et Kilindja se trouve à 900 Km environ ». Il ajoute que « Gouro reste tout de même un carrefour pour rejoindre ces mines » . C’est pour cette raison que Mahamat, notre boutiquier reçoit pas moins de 5 clients qui voudront troquer pour subvenir à leurs besoins.
En plus de la proximité, « l’or fait vivre cette localité » selon Idriss, un habitué de cette ville. Selon une autre source, « tous les jeunes ou presque, pratiquent l’orpaillage ».
La valeur de cette manne n’est pas fixe, elle est fluctuante selon le marché. Qu’à cela ne tienne, le gramme varie de 25.000 à 32.000 francs CFA. Ainsi, pour pouvoir faire ses achats, le commerçant évalue l’or pour connaître ce qu’il équivaut en espèces.